105 députés ont signé à Tsimbazaza la motion de censure contre le gouvernement, hier vers la fin de l’après-midi. Les prochaines 48 heures sont déterminantes, pour l’Exécutif. Son sort est entre les mains des députés, notamment issus de la majorité.
Pour la journée d’hier, un nouvel ordre du jour a été adopté à la va-vite, annulant la rencontre avec les membres du gouvernement censée se tenir ce jour et demain. «A quoi ça servirait de rencontrer le gouvernement si nous sommes sur le point de voter la motion de censure ?», a indiqué l’élu de Vohipeno. Cette rencontre sera alors reportée les 14 et 15 décembre.
La majorité joue les
trouble-fêtes à l’Assemblée nationale. Selon les informations officialisées sur la page de l’Assemblée nationale hier, 105 députés ont signé la motion de censure contre le gouvernement.
Le nombre de signataires du texte dépasse largement le quorum, c’est-à-dire la moitié des députés, soit 76 élus.
Et, comme le règlement intérieur de la Chambre basse le stipule, la procédure étant enclenchée, le vote des députés devrait se tenir 48 heures après le dépôt de la motion de censure. Jamais l’Assemblée nationale n’a été aussi animée que ces deux derniers jours, depuis le début de la session parlementaire.
En fait, selon les dispositions de l’article 103, en son alinéa 1er, «L’Assemblée nationale peut mettre en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure» et que «Le vote
ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après le dépôt
wde la motion». La même disposition poursuit que «Si la motion est adoptée, le gouvernement remet sa démission au président de la République, il sera procédé à la nomination d’un Premier ministre (…)».
Toutefois, cette démarche ne devrait pas aboutir sans l’aval de la majorité présidentielle au sein de la Chambre basse, d’autant que l’opposition reste minoritaire. En tout cas, cette initiative a également obtenu l’approbation de la présidente de la Chambre basse, Christine Razanamahasoa. Cette dernière, dans les coulisses, semble favorable à la tenue de ce vote.
Les motifs
Plusieurs motifs ont alors été avancés par les signataires de l’acte. A citer le non-respect des dispositions de la Constitution, notamment celle de la séparation des pouvoirs. «Il y a ingérence du gouvernement dans la gestion de l’Assemblée nationale», ont-ils indiqué. D’autre part, la non-exécution des décisions de justice a également été mise en avant, de même que le défaut d’exécution de la Politique générale de l’Etat (PGE). En effet, 45% des réalisations seulement auraient été effectuées selon eux, sur la base du rapport de la Cour des Comptes.
Rejet catégorique
Malgré tout, cette décision ne fait pas l’unanimité. Lors d’une rencontre avec la presse hier dans la soirée à Mahamasina, les élus du Sud-est ont fait part de leur désaccord. En effet, plusieurs députés des régions Menabe, Androy, Atsimo Andrefana et Anosy ont indiqué qu’ils sont contre cette motion de censure.
«Dans le contexte actuel, est ce vraiment la priorité ? Est-ce que cela va apporter de la stabilité à la veille année électorale ?», s’est interrogé le député élu à Ambovombe, Philobert Milavonjy hier sur une station privée de la capitale, tout en ajoutant que «Pour nous, ce n’est pas la solution. Je fais partie de ceux qui s’opposent à cette motion». Il estime par ailleurs que la Chambre basse devrait faire l’objet d’audit et d’inspection pour gestion opaque. En fin de soirée, plusieurs élus de la province de Toliara n’ont pas attendu pour annoncer qu’ils vont rejeter cette motion de censure.
J.P/T.N
Les réunions s’enchaînent
De sources concordantes, une réunion entre les ténors de la majorité présidentielle et des personnalités de premier plan s’est tenue hier en début de soirée au sein du TGV à l’Arena Ivandry. Les prochaines heures risqueront ainsi d’être cruciales pour l’avenir de l’actuel gouvernement, mais aussi pour les députés de la formation présidentielle qui ont signé la motion de censure.