Une fois de plus, le Parlement a fait parler depuis quelques jours. Beaucoup, sinon un peu plus que la normale, au-delà des débats censés s’y tenir en session ordinaire. Si ce n’est à propos d’une grève du personnel, c’est au sujet d’une annulation de face-à-face institutionnel ou d’une tentative de motion de censure.
A ce propos, étonnant tout de même quand une dizaine ou une douzaine de députés seulement daignent faire le déplacement depuis le début de la session ordinaire pour se pencher sur des projets de texte d’importance tels que l’orientation générale du système éducatif à Madagascar… L’absentéisme a été tel qu’il a fallu quelques coups de gueule et une menace de suspension de soldes. Mais quand il est question de motion de censure contre le gouvernement, le quota d’une centaine de signatures collectées aurait miraculeusement été atteint. Cela en dit long sur ce que la considération que les uns ont vis-à-vis de ce pour quoi ils ont été élus, et les autres sur ce qui les motive réellement, voguant au gré de leurs intérêts. Et se voyant certainement déjà siégeant au sein d’une équipe exécutive remaniée ou alors un régime fragilisé par les dissensions internes survenant au sein de la coalition majoritaire. C’est peut-être effectivement le cas, ou peut-être pas. Mais s’il fallait retenir quelque élément positif pour le pouvoir en place, c’est que ces récents événements pourraient être politiquement mis à profit pour séparer le bon grain de l’ivraie, les véritables partisans des transfuges et autres alliés conjoncturels. Une démarche de remise en question qui s’avèrera sans doute bien utile
à mesure qu’approche la période électorale.
Couacs
Les événements de ces dernières semaines auront en tout cas eu au moins le mérite de démontrer qu’une opposition existe bel et bien à Madagascar, malgré tout ce qui a été et sera encore dit à propos
de prétendues velléités répressives ou tentatives de museler toute opinion contraire. Ils ont également permis au parlement, bien que la motion de censure ne soit pas passée, d’effectuer un contrôle et jouer son rôle de contrebalance dans l’exercice du pouvoir. Force est malgré tout d’y constater certains dysfonctionnements, quand l’on compte notamment les fois où il y a eu de telles tentatives de motion, de destitution, de commissions d’enquête… Mais combien d’entre elles ont-elles abouti ? Elles ont été brandies
et sonnent comme des moyens de pression contre les personnes ou entités visées. On ne parlera plus de ces projets de texte tués dans l’œuf, en l’occurrence celui sur l’interruption thérapeutique de grossesse, qui n’a même pas été examiné en raison des convictions personnelles et religieuses de certains membres
de la Chambre basse, ou alors adoptés au forceps, comme pour celui, récemment, sur les droits d’auteur, sans que les représentants du gouvernement n’aient pu prendre la parole. Il faut bien l’avouer, des couacs de ce genre au sein d’une institution censée incarner la démocratie, ce n’est pas bien démocratique.
Il apparaît en tous les cas les prochaines échéances électorales s’approchent inexorablement. Dans les faits, tout sera bon à prendre pour affaiblir un adversaire, quitte à trouver des failles au niveau de son entourage politique. Les brouilles internes n’en sont que plus révélateurs du positionnement des uns et des autres en vue de ces scrutins. Rien d’étonnant jusque-là puisqu’il en a toujours été ainsi depuis toujours en veille d’élection pour la magistrature suprême du pays qui s’annonce bien passionnante.
N.R.