Chronique: la pluie n’offre pas une solution immédiate

Ces derniers jours, il a beaucoup plu un peu partout à Madagascar. Et même la partie Sud de la Grande île qui est bien connue pour la sécheresse qui y sévit a reçu sa part d’eau. C’est ainsi que les rues de la ville de Toliara se sont retrouvées sous les eaux, offrant une vi­sion surnaturelle qui détonne de l’habitude.

Pour les populations qui ne bénéficient pas de l’eau courante ou même d’une source d’eau permanente dans cette région, le plus pressé était de stocker cette eau. Il est possible que cette aubaine ne se reproduise pas d’aussi tôt et que l’on revienne à la sécheresse. Il fallait donc penser aux jours à venir.
Mais, même si la pluie continue à tomber et qu’elle permette de nouveau de cultiver la terre, ce qui est le plus grand souhait de tous les cultivateurs de cette ré­gion, il faudra du temps avant que les premières récoltes ne soient disponibles. En effet, il faudra encore attendre plusieurs mois avant que les paysans ne puissent profiter des fruits de leurs efforts.

Or, la faim n’attend pas plusieurs mois. C’est aujourd’hui que la po­pulation du Sud meurt petit à petit faute d’avoir quelque chose à manger. Autrement dit, il faudra toujours apporter toute l’aide nécessaire à la po­pulation de cette ré­gion qui est durement frappée par le kéré.

Il ne faut pas s’atten­dre à voir tous les prob­lèmes liés à l’alimentation disparaitre du jour au lendemain. Selon certaines sources, des dizaines de personnes sont déjà mortes de faim dans cette région ces derniers jours. Et on peut crain­dre le pire si les aides alimentaires, sous quelque forme qu’elles soient, n’arrivent pas le plus vite possible.
C’est pour cette raison que, depuis des mois, des familles entières fuient cette région où il est difficile de survivre et vont s’installer dans d’autres régions qui offrent plus de chance de survie. Mais ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent se permet­tre de tenter une telle aventure, c’est-à-dire reprendre tout à zéro et recommencer une nouvelle vie.
Par ailleurs, il n’est pas garanti à l’avance que cette nouvelle vie sera un succès. La cohabitation n’est pas toujours facile et qu’elle s’établisse sans heurts avec la population locale qui y est déjà établie. Et des fois, ces heurts semblent glisser lentement vers une guerre tribale.

C’est l’un des grands problèmes auxquels le régime devra faire face. Si cette situation se dég­radait, cela pourrait aboutir à une véritable crise sociale de grande envergure. Et on ne peut pas prévoir à l’avance quelles en seraient les conséquences au niveau national. On peut voir quand cela commence mais pas savoir jusqu’où cela ira.

Aimé Andrianina

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