Puisqu’il semble de circonstance de procéder à un bilan, même succinct, à pareil stade de l’année, force sera de constater que 2022 n’aura pas été un bon cru en matière d’approvisionnement en électricité. La société nationale aura brillé, une année de plus, par ses lacunes et les délestages ont tenu toutes leurs promesses. Les infrastructures et matériels construits, installés et renouvelés, puis opérationnalisés ont pourtant été nombreux, mais la longueur et la fréquence des coupures se sont avérées inversement proportionnelles à ces réalisations. A ce niveau, bien malin qui pourra dire si la nouvelle année sera un prolongement des délestages intempestifs qui ont jalonné ces douze derniers mois, ou celui du relatif répit observé depuis maintenant quelques semaines. Ce n’est ni un justificatif de ce qui se passe ici ni matière à se réjouir du malheur des autres mais, ailleurs, dans certains pays d’Europe en l’occurrence, la guerre a fait tant et si mal que l’on craint le pire pour l’hiver en cours. Explosion des
factures d’électricité de nombreuses entreprises dont certaines ont d’ores et déjà fermé, rationalisation de la consommation… La situation est à un point tel qu’en France notamment, on se prépare à des coupures programmées en cas de manque d’électricité. Programmées ou pas, il ne s’agit ni plus ni moins que de délestages. Et l’on aura beau s’y préparer, ce n’est jamais une partie de plaisir. Pour sûr, le monde va au-devant d’une crise énergétique majeure, s’il n’est pas déjà en plein dedans.
2022 a également vu la poursuite de tous les symptômes d’une capitale engorgée, asphyxiée. Les deux saisons
de pluies de l’année, les intempéries d’ailleurs ostensiblement plus violentes, les embouteillages monstres… ont une fois de plus montré les limites de la capacité d’absorption d’une ville conçue pour une centaine de milliers d’habitants et qui accueille chaque jour des millions de personnes aujourd’hui. Elle supporte guère plus l’accroissement démographique et la migration galopante. Rien ne sert donc finalement de chercher des solutions pour pallier les problèmes d’embouteillage et les vicissitudes des transports publics dont les usagers se plaignent pourtant à longueur d’année, quand on ne comprend pas, ou quand on ne veut délibérément pas comprendre que le problème de pauvreté, l’hyperconcentration urbaine et le chômage ainsi que la dimension environnementale sont liés. C’est ainsi que les velléités de construction d’une nouvelle ville se sont encore une fois cette heurtées au refus des locaux et propriétaires actuels des lieux qui se sont de nouveau fait entendre. Ce n’est pas encore cette année que l’on s’est rendu compte qu’aucune ville ou capitale au monde ne supportera indéfiniment, ni en termes d’infrastructures ni en matière, tout bêtement, de surface, un accroissement démographique exponentiel couplé à une migration galopante.
Côté circulation d’ailleurs, la légalisation du nouveau mode de transport public que sont les taxis-moto sonne comme un palliatif face aux engorgements quotidiens des rues de la capitale, voire des périphéries, mais aussi un choix opportun face aux frasques des taxis-be et des tarifs de plus en plus prohibitifs des taxis. Il n’en demeure pas moins que l’option d’une nouvelle ville reste la plus viable.
Enfin, politiquement, si 2023 commençait comme cette année s’est achevée, cela risque
d’être chaud. L’incendie survenu en pleine session ordinaire a été maîtrisé du côté de l’Assemblée nationale, quoiqu’il reste encore quelques braises. Cela étant, rien ne garantit que les parlementaires ne retenteront pas de nouveau de mettre le gouvernement sur la sellette. La perspective de l’année électorale attisera certainement les dissensions tout comme elle créera de nouvelles alliances, fussent-elles de conjoncture.
Parallèlement, l’année aura été marquée par son lot de polémiques. Et pas qu’au niveau de l’Exécutif puisque les décisions controversées, écarts de conduite et autres comportements douteux s’enchaînent dans la sphère étatique et n’en finissent pas d’entacher l’image du pouvoir en place et ce, étrangement à mesure que les échéances électorales approchent. Pour toute opposition qui se respecte, s’il n’y avait pas matière à critiquer, on en inventerait, et c’est de bonne guerre. Mais avec ces controverses, l’expression « Avec des amis pareils, on n’a plus besoin d’ennemis » prend sans doute tout son sens. D’ici la période électorale, le régime aura peut-être tout intérêt à séparer le bon grain de l’ivraie, peut-être en vue de ces scrutins, mais très certainement pour la bonne marche des affaires publiques.
N.R.