Le tapis mohair est-il en voie ? Depuis plus de dix ans maintenant, les tisserands d’Ampanihy se plaignent de manquer des matières premières dans la région. Croisée avec d’autres races, la chèvre « angora », qui fournit de laine de qualité, disparaît peu à peu
Un vrai produit de luxe et authentique. Le tapis mohair entièrement tissé à la main, à partir de la laine de chèvre de race « angora », introduite à Madagascar depuis l’Amérique du Sud et de l’Afrique du Sud. Mais la chèvre angora est actuellement en voie de disparition à Madagascar. Cet animal domestique fournit à la fois de la viande et des poils servant pour la tapisserie mohair, faisait la renommée d’Ampanihy, dans le Sud-Ouest du pays dans les années 1990 et 2000.
La fabrication de ce tapis est un savoir-faire qui se transmet de mère en fille dans la petite commune d’Ampanihy. Le commerce de ce tapis a connu une période faste dans les années 1950 et 1960 grâce à l’entreprise « La Maison Mohair ». Puis dans les années 1970 et 1980, le produit était entré dans une phase de déclin. Et aujourd’hui, le tapis mohair se fait rare.
Julie Ravaomalala, une tisserande membre de l’association Vehivavy Atsimo Miasa (VAM) évoque la disparition de la chèvre angora presque dans l’ensemble de la région Atsimo Andrefana, en particulier à Ampanihy. « La majorité des tapis sont aujourd’hui faits à partir de la laine d’une chèvre métissée. La qualité du tapis n’a rien à avoir avec celle de la laine d’angora, lisse d’apparence », a-t-elle déploré.
60.000 à 1 million d’ariary
Depuis la fermeture de la Maison Mohair dans les années 1980, chaque artisan et tisserand se sont professionnalisés à leur façon. Ceux qui ne trouvent carrément plus la laine angora se résignent à fabriquer le tapis avec les laines disponibles de mauvaise qualité, avec des poils plutôt lourds et incongrus.
Quoi qu’il en soit, chaque pièce de tapis mohair est unique. Si des articles sont disponibles sur le marché de l’artisanat, les prix semblent encore hors de portée de tout le monde. D’après Julie Ravaomalala, « Un mètre de tapis mohair en pure laine coûte dans les 150.000 ariary. Si l’article est fait en pelote, le prix varie entre 60.000 à 70.000 ariary. Un tapis mohair de plus grande taille peut atteindre jusqu’à 1 million d’ariary la pièce ».
Sachant qu’une chèvre met bas au maximum tout les six à huit mois, cette tisserande suggère la revalorisation de la filière en introduisant des chèvres angora d’autres pays et d’en faire toute une chaîne intégrée. « Le monde entier connait le tapis mohair d’Ampanihy. La revalorisation de la filière ne serait que bénéfique pour nous », a-t-elle soulevé. Le gouvernement, à travers le ministère en charge de l’Elevage, a déjà annoncé son intention d’importer des chèvres de l’étranger.
Arh.