Un goût amer

Après les fêtes, on revient au rythme du train-train quotidien. Et dans ce quotidien, l’une des nouvelles qui attirent l’attention est le refus de marchands d’Andilamena (une des principales zone
de la région Alaotra qui produit du riz) de vendre leur riz sur le marché après que les autorités ont fixé un prix plancher de 700 ar le kapoaka de riz blanc, autrement dit, 2 450 ar le kilo (3 kapoaka et demi donnant à peu près 1 kilo de riz blanc). Cette réaction des marchands est tout à fait compréhensible quand on sait que dans la capitale par exemple, le riz local de mê­me qualité est vendu
à plus de 3 000 ar le kilo.

On verra bien qui va céder en premier, les autorités en acceptant le prix demandé par les marchands ou ces derniers, car ils auront toujours besoin de liquidités. Mais en attendant, toujours est-il que le prix actuel du riz, qu’il soit importé ou produit localement, est relativement élevé. Et les ménagères ne cessent de se lamenter que ce prix monte chaque jour. Or ce prix actuel est déjà hors de portée d’une grande partie de la po­pulation. Et à ce prix-là, beaucoup de ménages Malagasy ne mangent plus à leur faim. Alors que le riz reste toujours l’alimen­tation de base des Ma­lagasy, de nombreuses familles sont obligées de rationner la quantité de riz consommée quotidiennement.

On a avancé que les importations massives de riz de ces derniers mois ont pour objectif de réguler le prix du riz sur le marché intérieur. Or, d’après ce qu’on peut constater, l’effet escompté n’est pas atteint. Ce qui signifie que ces im­portations ne sont pas une solution. Elles au­raient pu tout au moins constituer une solution pour stabiliser les prix, même à court terme. Ce qui est loin d’être le cas. Et constitue encore moins une solution à plus long terme. La véritable so­lution se trouve dans l’aug­mentation de la production interne et cela passe par l’incitation des cultivateurs à produire plus. Mais com­ment faire ?

Il existe plusieurs moyens d’inciter les producteurs à produire plus. Le premier consiste à ce qu’il gagne beaucoup plus d’argent. Et pour cela, il faut tabler sur un prix élevé de ses produits. Or, on comprendra bien qu’un prix élevé du riz aura des répercussions graves sur le budget des ménages Mala­gasy. Ce qui est le cas aujourd’hui. On peut également commencer par aider les producteurs dans le processus de production, notamment leur fournir du matériel de production plus performant, utiliser des se­mences améliorées à grande échelle, leur fa­ciliter l’accès aux in­trants… C’est à ce prix qu’on pourra espérer aug­menter sensiblement la production. Et c’est vital car vu son prix actuel au niveau des marchés, le riz consommé commence à avoir un goût amer.

Aimé Andrianina

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