« Aucune tentative de déstabilisation ne sera tolérée », avons-nous titré hier à la Une de notre journal. Des propos du ministre de la Défense nationale et ministre par intérim des Affaires étrangères, le général Richard Rakotonirina, comme pour annoncer la couleur adoptée par les Forces armées pour cette année électorale. Des paroles en tout cas, qui ont été interprétées diversement par les entités politiques impliquées dans les scrutins censés se dérouler d’ici peu, notamment l’élection présidentielle.
De prime abord, cette phrase du ministre de la Défense est considérée par les observateurs de la vie politique du pays, ni plus ni moins que comme une prise de position abusive de la Grande Muette, contredisant ce que ses hauts responsables prônent toujours : sa neutralité, notamment politique. Sur ce point, l’Armée est effectivement censée adopter une position de sans parti pris, notamment quand il est question pour le pays d’organiser des élections mais, suite à cette annonce du ministre, les mêmes observateurs y voient une sorte de dégénérescence, justement de sa neutralité.
De l’avis de ces observateurs avertis en effet, cette annonce « prématurée » de la Grande Muette pour les élections à venir est d’ores et déjà scrutée comme étant une prise de position basculant d’un côté, en faveur du régime en place pour être direct. Car sous prétexte de défendre ce qui a été élu démocratiquement, l’Armée remet en cause sa « neutralité politique » en ignorant de fait les avis du camp d’en face qu’elle n’hésiterait donc pas à mâter, quoi qu’il arrive.
Certes, il est vrai que l’Armée ne défend que ce qui est a priori légitime et surtout légal, mais de là à s’élever contre les avis opposés à ceux que l’on défend sous prétexte qu’il s’agit de position émanant de potentiels fauteurs de troubles, c’est un peu comme imposer… une impartialité de mauvaise grâce !
E.R