Le premier mois de la nouvelle année n’a pas encore tiré à sa fin que les polémiques se multiplient avec, coïncidence ou non, presque chaque fois l’église, sinon la religion, en première ligne. Si l’intention était de se faire remarquer, d’attirer l’attention, c’est réussi. Tantôt via une déclaration, un appel, une vraie fausse séance d’exorcisme ou alors un prêche qui aura scandalisé les partisans du pouvoir, mais ravi ses opposants. C’est un fait. Pour les uns, il ne s’agissait que de la pure vérité, pour le coup d’inspiration divine, véritable parole d’évangile dès lors qu’elle est sortie de la bouche d’hommes d’église. Pour les autres, le cadre n’y prêtait fondamentalement pas, les fidèles étant venus se ressourcer, refaire le plein de force et d’inspiration spirituelle en cette année nouvelle.
Bref, ces différentes interventions n’auront ni laissé indifférent, ni eu propension à aplanir les différends politiques. Ce qui était prévisible en cette année électorale. Il est d’ailleurs à se demander si on a tendance à voir de la politique partout ou si on mêle plutôt la religion à toutes les sauces mais, dans tous les cas, celle-ci a bien un « avantage » par rapport à la première : si un responsable public ou une institution met trop en avant ses convictions religieuses, ses détracteurs seront prompts à l’accuser de fouler au pied le principe de laïcité. Alors que certains considéreront que l’Eglise fait partie intégrante des organisations de la société civile et peuvent sans aucun problème s’exprimer sur des affaires politiques. A partir de là et avec le prêche de dimanche qui peut ainsi faire jurisprudence, à quand donc, dans les temples et églises, les homélies sur les remaniements, les sermons sur les élections et la participation citoyenne au processus ? De la même façon que pour ces organismes qui devraient opérer dans l’éducation électorale au lieu de se contenter de publier déclarations sur déclarations portant sur un soi-disant désintérêt de la population.
Débuts difficiles
Dans le même sillage de ces controverses, d’autres débats autour de parents en difficulté qui vendraient littéralement leurs enfants. Au-delà de la question de la crédibilité qu’est censée incarner un représentant de l’autorité publique, il apparaît une fois de plus que toute affirmation, même gratuite ou fausse est considérée comme avérée par certains, parce que c’est une critique
du régime en place ou le met en position délicate. Définitivement, les réseaux sociaux sont plus que jamais devenus une véritable plateforme d’expression où la frontière entre liberté et anarchie devient de plus en plus ténue au fil des jours, où se mêlent critiques, mensonges et propos diffamatoires, délations ainsi qu’autres injures, et certains médias traditionnels s’y prennent aussi au jeu. L’usage des réseaux sociaux dépasse pour beaucoup le simple cadre du divertissement. L’on s’y improvise facilement journaliste, avocat, juge, policier, ou même justicier… On en oublie le sens de la mesure, tout doit être totalement noir ou alors entièrement blanc ; personne n’est, semble-t-il, plus capable de faire preuve de nuance et de recul. Et cela continuera au fur et à mesure qu’approcheront les échéances électorales.
Cela étant, les informations vérifiées et collectées à la source font notamment état de parents se retrouvant dans l’obligation de migrer dans d’autres localités pour trouver du travail et qui laissent leurs enfants aux bons soins de foyers qui s’en occuperont au mieux. Le véritable fond du débat réside ainsi dans la réalité des difficultés des conditions de vie de la population, dans ces régions comme dans la capitale. La conjoncture internationale reste difficile et ira même en empirant, à moins d’un arrêt immédiat de la guerre en Europe et que le nouveau sous-variant ne fasse encore des siennes dans le monde. De surcroît, la saison cyclonique devrait bientôt battre son plein, selon les prévisions du service de la météorologie. Ailleurs, ce sont les paniers anti-inflation, ici, ce sont les filets sociaux, pour dire que la situation n’est
pas endémique au pays. Mais les impacts ressentis et la capacité de résilience ne sont pas forcément les mêmes. Face à ces difficultés, la responsabilité de chacun doit être mise dans la balance, à commencer par le régime qui, en plus de les alléger, devra tout mettre en œuvre pour améliorer plus généralement les conditions socioéconomiques prévalant au pays. Pour son propre bien, en cette année électorale, et celui de la population.
N.R.