Chacun pour soi…

Deux cas de peste ont été identifiés dans le district d’Anjozoro­be. Donc, ce n’est pas tellement éloigné de la capitale. Mais le plus étonnant est que personne ne s’en émeut plus, mises à part, bien évidemment, les personnes responsables de la santé publique.
Pourtant dans le temps, un passé qui ne date pas si loin que çà, le moindre cas de peste dans n’importe village du pays suscitait des émois dans la population de la capitale. Ap­paremment, les réactions par rapport à ces différentes maladies ont changé. On reste plutôt indifférent, quoi qu’il arrive.
Qu’est-ce qui expli­que cette indifférence ? La première explication se trouve sans aucun doute dans la pauvreté généralisée dans laquelle se trouve la population aujourd’hui. Cette pauvreté frappe plus de 81% de la population malgache selon les informations de la Banque mondiale.
Face à la cherté de la vie et aux vicissitudes qui en découlent, les
mé­nages ont d’autres priorités, tels que comment remplir la marmite ? où trouver de l’argent pour payer les frais de scolarité des enfants ?… Autre­ment dit, si un évènement se manifeste mais que cela ne les concerne pas directement, ils l’ignorent complètement.
On ne peut pas les condamner pour cette réaction qui n’est rien d’autre qu’une véritable démission par rapport à la vie sociale. Chacun reste dans son petit monde et se désintéresse totalement de ce qui arrive aux autres. Ce sont les conséquences logiques de la pauvreté. L’indivi­dualisme est porté à son paroxysme.
Par ailleurs, après toutes les maladies qui se sont succédé, anciennes ou nouvelles, con­nues ou inconnues, la population tombe dans une certaine résignation. L’épidémie du coronavirus n’est pas encore finalement combattue alors que les au­tres maladies qui caractérisent les pays sous-développés dans l’Afri­que subsaharienne (choléra, paludisme…) n’arrêtent pas de tuer des milliers de personnes chaque année.
Pourtant, la peste est une maladie très dangereuse et elle ne peut pas être combattue par les seuls responsables de la santé publique. Sa lutte nécessite la contribution de tous par le biais de
l’éradication des rats qui transportent les vecteurs de transmission de la maladie que sont les puces et la mise en place d’un environnement propre et sain.
Il faut qu’on prenne conscience que si jamais cette maladie explosait, ce serait vraiment une catastrophe dans la me­sure où la population est complètement démunie pour lutter contre ce type d’épidémie. Et le temps que les services de la santé publique interviennent, le bilan serait déjà lourd. D’autant plus que cette population a au­jourd’hui tendance à pratiquer le principe du chacun pour soi…

Aimé Andrianina

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