« Avant toute chose, il faut considérer la fin »

L’image de l’aéroport de Maroantsetra, complètement inondé par les eaux après le passage du cyclone Cheneso, montre à quel point on arrive à de décider à réaliser d’importants investissements qui constituent finalement de véritables aberrations. En ef­fet, on peut se demander comment a-t-on pu décider d’installer un aéroport dans un en­droit susceptible d’être envahi par les eaux.
Normalement, après un cyclone, un aéroport devrait servir de point de base pour tout ce qui concerne les aides et secours qui devraient être apportés en faveur de la région sinistrée. Or, ici, c’est ce point de base qui fait défaut car l’aéroport est inutilisable, on ne sait, pour combien de temps. Ainsi, il faudra trouver une autre solution pour acheminer tout ce dont cette région aura besoin.
Que va-t-on faire après que les eaux qui ont envahi l’aéroport se soient retirées ? Cela arrivera bien un jour ou l’autre. Si seulement, c’était la piste qui a été inondée, on aurait pu chercher une solution, même temporaire, pour évacuer toute l’eau afin de pouvoir l’utiliser. Mais ici, c’est toute l’infrastructure aéroportuaire qui se trouve sous les eaux.
Après, quand ça arrivera, va-t-on encore réhabiliter cet aéroport qui va coûter des mil­liards d’ariary alors que l’année prochaine ou bien les autres années à venir, à la même période, le même scénario peut bien se reproduire. On risque encore d’investir des milliards d’ariary pour rien.
Cette situation fait penser à un pays arabe qui est devenu riche rapidement après la dé­couverte de pétrole dans son sous-sol. Pour mon­trer cette nouvelle ri­chesse, les dirigeants de l’époque ont investi à tour de bras dans n’importe quel domaine en matière d’infrastructure. De nombreux aéroports ont été ainsi construits n’importe où, même en plein désert.
Seulement, quand il s’est avéré que d’importants gisements d’énergie fossile se trouvaient sous l’aéroport ultra moderne nouvellement construit, on a complè­tement rasé l’aéroport pour pouvoir exploiter les gisements sans se soucier de tout l’argent qui a été dépensé pour construire l’aéroport.
L’aéroport de Ma­roan­tsetra ne constitue pas une exception. Entre autres, l’extension d’un nouveau quartier dans le cadre d’un plan d’urbanisme ou la construction d’une nouvelle ville, peut aboutir à de telles aberrations si on n’effectue pas de sérieuses et exhaustives études sur les tenants et aboutissants de chaque projet.
Bien évidemment, la décision finale peut dé­pendre de tout un tas de raisons dont pour certaines, a priori, la justification ne saute pas aux yeux. Mais toujours est-il qu’en fin de compte, il est toujours vrai que : «Avant toute chose, il faut considérer la fin»

Aimé Andrianina

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