Des laisses-pour-compte

Pour le moment, le bilan provisoire de Che­neso est déjà lourd : 3 morts, 6 dis­parus, 13.180 sinistrés, 85 salles de classe détruites, des centaines d’hec­tares de rizières sous les eaux (dont 600 ha rien que dans la région Analanjirofo). Il va sans dire que le tribut à payer après le passage de ce cataclysme naturel sera conséquent.
Des milliers de personnes complètement démunies attendent désespérément qu’on leur apporte des aides sous n’importe quelle forme car les besoins sont énormes. Heureu­sement que nous dis­posons déjà d’une structurel opérationnelle rompue à ce type de situation, le BNGRC. Toute­fois, mê­me avec la meil­leure volonté du monde, la tâche qui attend cette structure est des plus difficiles.
Effectivement, elle s’efforce de faire tout son possible avec les moyens du bord. Toutefois, il faut se rendre compte que les zones où elle doit intervenir (toutes les régions touchées directement ou indirectement par le cyclone Cheneso) sont très vastes et difficiles d’accès. Toute infrastructure est quasi inexistante dans certaines zones d’intervention.
Pour cette raison, il lui faudra se fixer des priorités car elle ne pourra jamais tout réaliser en même temps quoiqu’elle s’efforce d’être présente sur tous les fronts. Et qui dit priorité suppose un choix à faire. Où intervenir le premier ? Dans les zones facile d’accès ? Dans les zones les plus fortement touchées ? Ces choix sont vitaux car il ne s’agit pas d’être présente sur place mais encore faut-il être efficace.
Bénéficier d’une aide dans les moments difficiles, c’est ce qu’attend surtout la population. Cette aide peut revêtir plusieurs formes. Cela va du sauvetage de toutes les personnes incapables de se déplacer en raison de l’inondation, de leur hébergement dans les centres d’accueil, de leur restauration… En même temps, il faut procéder à la réhabilitation ou même à la reconstruction des différentes infrastructures avec l’aide d’autres organismes.
Réaliser tous ces travaux par mauvais temps n’est pas chose aisée. Mais il faut le faire : C’est ce qu’attend la population et c’est le seul moyen de garder sa confiance. Surtout, il ne faut pas oublier ceux qui n’ont pas bénéficié des premiers secours et aides. A force d’être plongé à fond dans les travaux d’urgence, il se peut qu’on arrive à oublier qu’il y a d’autres sinistrés qui n’ont pas encore reçu la moindre aide.
Pour l’opinion pub­li­que en général, toutes les zones sinistrées doivent bénéficier des mê­mes aides. Mais il arrive que certaines soient plus ou moins lésées pour une raison ou une autre. Et cette situation est à l’origine de frustrations pour les populations qui en sont victimes. Et en fin de compte, elles se sentent comme des laissées-pour-compte.

Aimé Andrianina

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