Tout récemment, on a appris que la Banque mondiale va s’offrir « les services d’un consultant individuel, un ingénieur routier, pour fournir des conseils techniques et un soutien à son équipe chargée de la mise en œuvre d’un portefeuille croissant de projets routiers à Madagascar ». Enfin, dira-t-on, quand on voit l’état actuel de nos routes.
Cela n’a rien d’étonnant quand, par le passé, un représentant résident de l’Union européenne (un des principaux bailleurs dans la construction des routes à Madagascar avec la Banque mondiale), a déjà comparé les routes de Madagascar au « tonneau des Danaïdes ». Autrement dit, les investissements y afférents peuvent être considérés comme des fonds perdus.
Les routes malagasy ont englouti des sommes énormes sans que les usagers n’aient jamais été satisfaits de la situation. D’ailleurs, on a déjà fait remarquer que Madagascar est l’un des rares pays dans le monde qui voient ses infrastructures routières praticable diminuer de longueur chaque année sans que le pays ne connaisse le moindre conflit armé.
De toutes les façons, il y a quelque chose qui cloche dans les routes malagasy. Que les routes nationales se dégradent aux premières gouttes de pluie n’a rien de normal. Soit les travaux n’ont pas été réalisés suivant les normes requises, soit les usagers ne respectent pas la charge admise sur ces routes nationales. L’un n’excluant pas l’autre faute de contrôle.
Dans ces conditions, il est tout à fait compréhensible que les bailleurs deviennent de plus en plus exigeants et soient plus pointilleux quant à la réalisation technique des travaux. Mais pour en revenir au recrutement d’un consultant, est-ce à dire que depuis tout ce temps, la Banque mondiale n’a jamais fait « consulter » les travaux routiers qu’elle a financés ?
Par ailleurs, il n’est pas précisé si ce consultant sera un ingénieur routier étranger ou recruté sur place. La question se pose parce que s’il s’agit d’un consultant local, il faut qu’il s’attende à de fortes pressions de tout bord et cela, sans mettre en doute les compétences de ce consultant qui sera recruté. Il faut avoir les épaules assez solides pour supporter toutes ces pressions.
De plus, on croit comprendre que seules les routes financées par la Banque mondiale feront l’objet de cet examen technique et d’évaluation de qualité des travaux financés. Or, il y a bien d’autres routes qui ne sont pas financées par la Banque mondiale mais qui présentent beaucoup d’intérêt. Et de ce fait, elles méritent également des contrôles techniques du ou des bailleurs de fonds.
Quoi qu’il en soit, qu’on fasse tous les contrôles techniques inimaginables, cela ne saurait suffire sans un entretien régulier des routes qu’elles soient nationales, régionales ou même communales. Et c’est là où le bât blesse. La situation actuelle des routes à Madagascar découle de ce manque d’entretien. L’entretien des routes est incontournable dans la mesure où les routes ne sont pas éternelles.
Aimé Andrianina