Chronique: tel est pris qui croyait prendre

Les trafics d’or se poursuivent incontestablement. La dernière tentative date du 20 janvier dernier. Faut-il rappeler que 1,795 kg d’or a été découvert à l’aéroport de Nosy-Be le 21 juillet sur 4 ressortissants malagasy en partance pour Dubaï. Le 28 juin 2022, 835 grammes d’or cachés dans le corps d’un Sri lankais en partance pour Dubaï ont été dé­couverts. Ensuite, plus de 17 kilos de ce métal précieux ont été appréhendés sur le tarmac de l’aéroport d’Ivato.
On peut en conclure que Dubaï est la destination privilégiée de tous ces trafics dont les seuls découverts par les douaniers ne constituent que la partie visible de l’iceberg. On peut en effet penser que la quantité totale d’or faisant l’objet de trafic illicite dépasse de loin celle qui a été dé­couverte. Et qu’on le veuille ou non, il est quasiment impossible de lutter efficacement con­tre tous ces trafics à moins d’effectuer les contrôles à la source, c’est-à-dire, sur les sites d’exploitation.
Effectivement, il existe plusieurs moyens de faire sortir clandestinement de l’or du territoire national tellement le pays est vaste et les moyens mis en œuvre pour lutter contre ces trafics relativement limités. Par air ou par mer, les trafiquants ont largement le choix. Et avec les 5.000 km de côtes qui entourent tout le pays, il est bien facile de trouver un coin discret pour embarquer tout l’or destiné à être envoyé vers l’étranger de manière illégale.
D’autant plus que les trafiquants deviennent de plus en plus judicieux dans leurs tentatives d’exportation illicite d’or. Mais heureusement encore, ils commettent parfois des erreurs fondamentales. En ce qui concerne la dernière
tentative qui a été découverte, il s’agissait de coupons de tissus imbibés de solution aqueuse composée d’eau, de produits chimiques et de particules d’or.
Le fait que les coupons de tissus soient en­core humides devraient déjà avoir mis les puces à l’oreille des douaniers. En effet, pourquoi expédier du tissu humide quand le fret aérien à payer sera plus élevé si le tissu est plus lourd en étant imbibé d’eau. Les douaniers ne sont quand même pas des novices pour tomber dans le panneau. Par ailleurs, les douaniers ont dû bien se demander pourquoi ex­pédier des coupons de tissus vers l’extérieur à partir de Madagascar alors que d’habitude, c’est le pays qui importe du tissu.
On n’a nul besoin d’un Sherlock Holmes et de son fidèle Watson pour en déduire que quelque chose ne tournait pas rond. C’est com­me cet étranger qui a fondu l’or et l’a mis en remplacement de certaines pièces d’un cric pour voiture pour cacher son forfait. Seulement, les douaniers se sont posé la question : Pourquoi un étranger qui retourne en Europe s’encombre-t-il d’un cric neuf de surcroît fabriqué en Chine alors qu’on trouve dans son pays de destination des articles de meilleure qualité ? Finalement, tel est pris qui croyait prendre.

Aimé Andrianina

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