Mercredi des idées en goguette: Panem et… football

Du pain et des jeux. Non dans son acception péjorative, cette expression prend tout son sens dans la définition des principales préoccupations actuelles de la population. Le fabuleux parcours des Barea de Madagascar au Championnat d’Af­ri­que des Nations a encore une fois suscité l’enthousiasme général et donné lieu à de véritables scènes de liesse. Et il y avait de quoi puisqu’il s’agit d’une nouvelle compétition de tous les inédits : première participation, premières qualifications en quarts et demi-finales. Et avec la manière, notamment avec un jeu bien léché, face à des équipes de pays qualifiés de grandes nations africaines du football. Ce ne sont pas exactement les mêmes équipes que celles engagées dans la Can mais, une fois de plus, les joueurs et le sélectionneur nationaux sont d’ores et déjà des héros pour toute une population.
Quel qu’ait été le résultat de la demi-finale face aux Lions sénégalais, le football malgache peut dorénavant entretenir quelques certitudes. D’abord, que l’épopée des Barea à la Can égyptienne n’était pas le fruit du hasard. La preuve étant, bien que l’adversité ne soit pas la même, le fait que cette fois, l’équipe est allée bien plus loin dans la compétition. Ensuite, que la Grande île dispose d’un important vivier de talents dans cette discipline. A tel point que les recruteurs ont commencé à lorgner sur les joueurs malgaches et que certains ont déjà trouvé un nouveau club. Ce ne sont peut-être pas des transferts à quelques millions d’euros dans les grosses écuries européennes qui en ont terminé avec le mercato d’hiver le même jour que la demi-finale du Chan, mais leurs exploits ont eu le mérite de braquer les projecteurs sur le pays. Des Barea ambassadeurs mais aussi rassembleurs.
Pain béni

Cette performance des Barea survient quasiment au même mo­ment où, sous d’autres cieux, certaines fédérations de football sont dans la tourmente. Alors, la fédération na­tionale connaît peut-être régulièrement des tensions internes, mais des résultats sportifs de ce genre sonnent comme un succès pour tout le pays, y compris l’instance responsable du ballon rond malgache. N’en déplaise aux détracteurs patentés qui lient généralement les victoires uniquement à une équipe et imputent les défaites à des lacunes des dirigeants. Et qui voient une politisation partout.

Bref, il ne reste qu’à espérer que tout cela ne soit pas simplement anecdotique et que les débats autour des primes ne vienne pas re­mettre en question toute la suite à donner à cette déjà belle performance. Dans le contexte mondial et les difficultés quotidiennes actuelles d’ailleurs, les rapports avec l’argent sont de plus en plus problématiques pour beaucoup. Parce qu’il en manque. L’annonce faite par le président de la Répub­lique quant à la priorisation, pour cette année, du social, arrive à point nommé. La construction d’infrastructures de­meu­re un chantier d’importance et incontournable, mais quand les appels se sont fait de plus en plus insistants pour que des mesures soient adoptées pour faire face à l’inflation, il est plus que temps d’agir à ce niveau. Les actuels problèmes sociaux que représentent la hausse presque généralisée des prix, les revendications qui en découlent (voire celles qui n’ont rien à y voir) constituent un formidable tremplin pour les détracteurs de ce régime qui sont actuellement en embuscade et qui, tôt ou tard vont de plus en plus se faire entendre. Au fur et à mesure qu’approcheront les échéances électorales, d’aucuns continueront d’entretenir cette am­biance politique délétère en surfant constamment sur la vague des difficultés socio-économiques du moment, véritable pain béni pour eux. Les prochains mois risquent d’être bien intéressants en termes de stratégie, de part et d’autre de l’échiquier politique.

N.R.

Partager sur: