Les initiatives privées pour restaurer les forêts à Madagascar se multiplient. La Forêt Retrouvée qui intervient dans un village situé à une heure de Majunga est l’une d’elles.
Quand est-ce que ce projet a vu le jour et qui en a eu l’idée ?
Cette aventure est tout d’abord la rencontre de deux personnes. Il s’agit d’Ange, français, Corse de surplus, partie vivre sur l’Île Rouge et de Judith, malagasy, originaire de Mahajanga. En dehors de leurs activités respectives dans les technologies de l’internet et dans le tourisme, ils décident de tenter l’aventure de faire réussir une prise de conscience sur l’importance de la forêt. C’est ainsi qu’en 2019, le projet de la Forêt Retrouvée voit le jour et que ce couple franco-malgache entraîne tout un village dans ce projet de reforestation. En juillet 2022 Ange est décédé d’un accident de voiture. Son associé Lionel Freyssenon prend la relève avec Judith pour que ce projet perdure et se développe.
Dans quelle partie de Madagascar intervenez-vous, et dans le futur, envisagez-vous d’intervenir dans d’autres localités ?
Actuellement nous avons 135 hectares sur lesquels nous concentrons nos efforts. Nous sommes en train de travailler avec les présidents de fokontany qui s’engagent à ce que nous puissions conduire ce changement sur plus de 5 000 hectares autour de Besely ! C’est une magnifique opportunité pour nous tous.
Pouvez-vous expliquer votre modèle ?
Nous utilisons à minima 50% d’espèces endémiques que nous replantons dans notre propre pépinière. Pour le reboisement nous nous obligeons à un reboisement mixte en mélangeant les espèces. L’objectif est de fournir un maximum de diversités et de ne surtout pas planter au kilomètre des milliers d’espèces similaires. En effet, le fait de varier les espèces leur donne plus de résistance mais apporte aussi beaucoup d’aspects positifs à la faune. Sur ce point, on pourrait également détailler le fait que nous sommes en train de réfléchir à une offre RSE qui permettrait à des entreprises malagasy de se faire accompagner dans leur démarche RSE en mettant en place des teams buildings, des animations de personnel et des actions positives en faveur de l’environnement. C’est quelque chose que nous sommes en train de lancer et qui plait beaucoup.
Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ?
Nous sommes une ONG. Le plus difficile est de maintenir nos financements. Mais nous pouvons compter sur des associations partenaires, des entreprises et des particuliers qui nous aident. De plus, nous sommes en train de bâtir des liens avec des fondations et de très grosses structures qui voudraient nous accompagner dans notre mission.
Au sujet des difficultés nous pourrions parler des feux de brousse bien sûr qui nécessitent un très gros travail de pédagogie que nous menons en lien avec les autorités locales et les présidents de fokontany.
Par combien de personnes est constituée votre équipe ?
Nous arrivons bientôt à 20 salariés sur le terrain. Ce sont des agriculteurs, des personnes en charge des pépinières, des maçons et des personnes en charge de la sécurité de tout ce monde. L’ensemble du personnel administratif est bénévole et nos frais administratifs (comptabilité, banque, communication) sont entièrement payés par du mécénat. Nous sommes aussi très fiers que ce soit une femme malagasy qui soit notre directrice d’exploitation.
Envisagez-vous de collaborer avec d’autres structures à Madagascar ?
Nous sommes aussi en contact avec de nombreuses structures mais il est encore trop tôt pour en parler. En revanche, nous sommes ouverts à tout partenariat et à toute opportunité. Outre la reforestation, parmi nos projets futurs, il y a le dispensaire que nous souhaitons créer. On aimerait également mettre en place une caisse mutualiste pour aider nos salariés face aux difficultés de la vie. Après la reconstruction d’une école dans le village en ce moment par nos soins, nous aimerions également construire une école maternelle.
Tiana Ramanoelina