Les forêts de Madagascar, un patrimoine mondial naturel, sont en danger à cause de l’exploitation par la population. Nous avions couvert la conférence de presse de la principale ONG de reforestation, Graine de Vie, le 10 janvier dernier. Elle annonçait une réduction de son budget et de ses activités, d’un tiers, à Madagascar. Elle l’expliquait par le manque de collaboration de la part des autorités, le “greenwashing étatique” notamment.
Nous avons cherché à recueillir quelques voix du terrain pour savoir pourquoi les populations déforestent à certains endroits, dans d’autres, protègent la forêt, bien plus rarement.
La première raison c’est que les populations cherchent des revenus faciles, surtout en période de disette. Mais sans le moindre souci pour ce qu’il pourra advenir après. Dans le Sud, “les gens coupaient même les arbres à litchis pour faire du charbon lors du kéré l’an dernier”, raconte une source dans le Sud, vers Fort Dauphin.
C’est bien dommage puisque la forêt rapporte plus debout que coupée. Avant d’être en situation de kere, les populations pourraient exploiter des fruits, des huiles essentielles, du bois de manière responsable, ou même du miel (voir encadré). Mais cela exige une vision à quelques mois, et un certain sens de l’organisation, ainsi que des connaissances diverses (comptabilité, agronomie basique…).
Une autre raison de couper les arbres est la peur de la forêt dans de nombreuses communautés. Exemple à Ambovombe. “Avant cette route, qui sort de la ville, était entourée d’arbres, et les gens avaient peur de passer ici de nuit. Ils avaient peur des esprits. Mais à présent que les arbres sont coupés, ils sont rassurés et peuvent passer par là”, raconte un habitant d’Ambovombe. Il ne s’agit peut-être pas de la raison première de la déforestation, mais nul doute que beaucoup de gens sont rassurés de ne plus croiser les arbres.
De toute manière, le faible niveau éducatif et l’absence de culture scientifique empêche les locaux de lier la déforestation avec la sécheresse qui cause mort et souffrance. Or, “le manque de couvert forestier diminue la probabilité qu’un nuage se forme à cet endroit. De plus, quand un nuage arrive, il se dirige plus vers les zones du ciel situées au-dessus d’un couvert végétal”, affirme un météorologue.
Mais Madagascar a encore son destin entre ses mains. Malgré les dommages immenses déjà causés aux forêts, “il pleut encore et le reboisement ne devrait pas poser de problème si les personnes qui mettent le feu sont sanctionnées”, clamait le directeur de Graine de Vie, lors de la conférence de presse…
Emre Sari