Peut-être que la Ceni a les yeux plus gros que le ventre et trop d’ambition, en fixant l’objectif d’inscrire 15 millions d’électeurs dans la liste électorale. Un pari perdu d’avance dans un contexte paradoxal entre le changement et la continuité, censé éveiller les consciences collectives sur l’importance d’aller aux urnes, pour se faire entendre. Et même s’il faut encore prolonger l’échéance pour une deuxième fois, cela ne changera pas grand-chose. Ce serait une perte de temps, d’argent et de crédibilité. Des millions de citoyens, frondeurs pour la majorité, vont continuer à camper sur leur position de se mettre en marge du processus électoral. Difficile à comprendre, mais ils s’enferment à jamais dans leurs propres convictions dénuées de sens.
Sans conteste, la Ceni a beau essayer de les convaincre et sensibiliser à s’inscrire dans la liste. Elle a consacré de temps et d’argent, mais que faire quand les « électeurs » sont déterminés à se détourner des élections.
Et certes, selon le constat des observateurs, des agents recenseurs, pas très motivés, ont bâclé leur mission et fait à moitié leur travail. En fait, ils ont espéré qu’à l’approche des élections, le recensement allait se dérouler sans encombre, loin de cette réticence « infondée », à l’égard du processus électoral. Mais face au refus obstiné des électeurs potentiels, ce n’est pas la peine d’insister. Certains d’entre eux ont même taxé les agents de travailler pour le compte d’un parti.
A vrai dire, tant pis pour ces électeurs marginaux qui n’auront pas voix au chapitre le moment venu. L’heure n’est plus à la conscientisation, ni à la concertation nationale au profit des opportunistes et des arrivistes. Au moins, 10 millions d’électeurs restent fidèles et la Ceni n’a d’autre choix que de faire avec.
Andry Rabeson