Vol d’ossement : l’omerta est de rigueur

Les vols d’ossements reprennent de plus belle. Aujourd’ hui, aucune région de Madagascar n’est épargnée de ce phénomène. La dernière en date s’est déroulée dans la commune urbaine d’Analavory (Itasy) où trois tombeaux ont été pillés avec comme bi­lan 408 ossements hu­mains volés.
Si officieusement on clame haut et fort qu’il n’y a pas d’acheteur d’ossements humains, que ces profanateurs de tombeaux agissent sans même savoir où les écouler, d’autres voix affirment que le vol d’ossements hu­mains est très lucratif car le kilo se paierait à plusieurs centaines de mille d’ariary.
Où se trouve la vérité ? D’autant plus que jamais, il n’y a eu une déclaration officielle des autorités affirmant ou infirmant l’existence d’acheteurs. Pourquoi ? Pas de réponse ! Tou­jours est-il que le phénomène se poursuit et prend même de l’ampleur qu’il y ait des preneurs ou non. Ce qui suscite quelques interrogations.

Autrement dit, s’il n’y a pas d’acheteurs, toutes ces personnes qui écument et profanent les tombeaux exécutent leur forfait pour rien. En effet, ils affrontent tous les risques, depuis les peines d’emprisonnement jusqu’aux vindictes populaires susceptibles d’aboutir à l’extrême préjudice s’ils se font attraper en flagrant délit.
Faut-il rappeler que les Malgaches, d’où qu’ ils viennent, sont encore très attachés à leurs us et coutumes et que pour beaucoup, les ossements de leurs défunts présentent beaucoup de va­leurs spirituelles pour eux. Pour la très grande majorité des Malgaches, ces vols d’ossement constituent un véritable sacrilège.

Il faut également mentionner que beaucoup de régions, surtout sur les Hautes terres, pratiquent encore le retournement des morts. Et pour pouvoir perpétuer ce rite ancestral, il faut disposer tout au moins des ossements des ancêtres défunts. Autrement, ce rite n’a plus aucune raison d’être.

Quoi qu’il en soit, bien qu’on dise qu’il n’y pas d’acheteurs d’ossements humains, on s’interroge quand même sur le fait que l ’objet des vols est bien précis : seulement les os longs font l’objet de ce trafic. Donc, il ne s’agit pas de n’importe quel os du squelette humain.
Ce qui laisse sous-entendre qu’il existe des commandes bien précises. Par ailleurs, si on fait le compte de tous les vols d’ossements hu­mains qui ont été appréhendés, la quantité d’ossements découverts doit constituer un stock relativement important. On se demande bien que fait-on des butins ? Où sont-ils stockés ?
Enfin, dans le même ordre d’idée, d’aucuns ignorent de très nombreux cas de vols d’ossements ont été découverts et leurs auteurs appréhendés. Mais jusqu’à ce jour, aucun résultat officiel des en­quêtes effectuées n’a été porté à la connaissance du public. Appa­rem­ment, dans ce trafic, de tous les côtés, l’Omer­ta (la loi du silence) est de rigueur.

Aimé Andrianina

Partager sur: