Avec l’élection présidentielle qui se profile dans quelques mois, tous les partis politiques, anciens et nouveaux, petits et grands, sont en effervescence. Cela se comprend car il s’agit, ni plus ni moins, que du maintien ou de la (re)conquête du pouvoir car l’essence même d’un parti politique est la conquête du pouvoir. C’est son but ultime.
A Madagascar, la vie et l’histoire d’un parti politique ne peuvent être dissociées de celles de son fondateur. Malheureusement, quand ce fondateur disparaît, son parti s’affaiblit. Bien évidemment, il y en a qui parviennent à survivre, mais ils n’auront plus le même aura qu’auparavant.
Cela a été le cas de la grande majorité des partis politiques malagasy, notamment les principaux partis politiques qui ont existé dans le pays depuis l’indépendance. Qu’il s’agisse du PSD de Philibert Tsiranana, du Monima de Monja Jaona, de l’Arema de Didier Ratsiraka, du MFM de Manandafy Rakotonirina, de l’AKFM de Richard Andriamanjato et bien d’autres, tous sont presque passés dans l’oubli.
Le vrai problème de ces partis politiques est que leur fondateur n’a pas su passer le flambeau à temps. Et quand le fondateur disparait, le parti politique s’affaiblit et tend même à disparaître. Dans certains cas, les rejetons du fondateur tentent tant bien que mal de reprendre le relais, de redorer le blason du parti, mais le plus souvent, c’est voué à l’échec.
La raison est qu’on a tellement identifié le parti à son fondateur qu’il est difficile de faire passer une figure autre que la sienne après sa disparition. D’autant plus que pour les partisans du parti, il est toujours difficile d’oublier le pouvoir charismatique du fondateur, même après sa disparition. De plus, l’omnipotence du fondateur au sein de leur parti respectif est telle que toute autre initiative de leadership est totalement inhibée.
Et bien souvent, le fondateur profite de cette position de force pour mettre la mainmise sur la direction du parti. A vrai dire, presque tous les partis politiques malagasy ont fonctionné sous la direction unique du fondateur. En d’autres termes, il s’agissait d’une direction dictatoriale et tout ce que décidait le fondateur était validé de fait.
C’est une réaction humaine tout à fait compréhensible de la part du fondateur du parti. Il existe toujours cette crainte et la possibilité de se voir évincé par certains membres influents du parti. Effectivement, les complots internes existent toujours dans ce type d’organisation. Tout le monde voulant devenir le calife à la place du calife.
De plus, la grande majorité des partis politiques malagasy s’est créée sur la base d’une opportunité politique, c’est-à-dire, sans une véritable idéologie préalable. A ce titre, la pratique du principe de la « géométrie variable » n’est pas l’apanage d’un seul parti et ce n’est pas étonnant que ses membres, caractérisés par l’absence d’une véritable éducation et conviction politiques, changent facilement de « veste » à la moindre occasion.
C’est dans ces conditions que les partis politiques sont souvent amenés à jouer la carte de la coalition, car ils sentent bien qu’ils ne pèseront plus assez lourds sur l’échiquier politique national lors des scrutins. Pour cette raison, on peut donc s’attendre à toutes sortes de rapprochement, d’entente, de coalition lors de la prochaine présidentielle, susceptibles d’étonner plus d’un. Toutes les cartes ne sont pas encore battues.
Aimé Andrianina