Quarante-huit ans…

On est à deux ans du cinquantenaire de la phrase culte « Tsy hiamboho adidy aho mon général », (tdlr : J’assumerai mon devoir mon général). Les internautes ont fait circuler la photo de la passation de pouvoir du 5 février 1975, entre le général Gabriel Ramanantsoa et le colonel Richard Ratsimandrava, pour commémorer cette date
devenue historique par la force des événements.
D’un côté, visage dépité, regard fuyant et bras ballants de l’impuissance, le général Gabriel Ramanantsoa sait qu’il a signé l’arrêt de mort de son ministre de l’Intérieur. De l’autre, l’enthousiasme sans feint du colonel Richard Ratsimandrava qui devient le chef de l’Etat et du gouvernement, avec le portefeuille du ministère d’Etat chargé de la Défense nationale et du plan.
Jamais un homme d’Etat malagasy n’a cumulé autant de pouvoir et de responsabilités, même au temps des royaumes. Mais convaincu par son idéologue Michel Fety, le véritable père de l’« idéologie du Fokonolona » (voir le livre « Nahoana no avondrona ho Fokonolona isika? »), le colonel Richard Ratsimandrava prend le risque de forcer le destin de la nation. Finalement, il a rendez-vous avec le sien six jours plus tard, le 11 février.
A deux ans du cinquantenaire de cet événement tragique, synonyme d’une possible ouverture des archives, le dossier reste sans suite. Certes, Zimbô, le célèbre tireur d’élite qui aurait voulu devenir un soldat de la Marine selon le groupe Lolo sy ny tariny, a porté le chapeau pour tout le monde. Toutefois, les « nationalistes » qui ont vu en Richard Ratsimandrava et son idéologie du Fokonolona le salut d’une nation en construction demandent toujours « toute la lumière» sur cette affaire.
Mais les Malagasy sont-ils prêts pour cela ? Auront-ils la force de se réconcilier avec leur passé pour mieux avancer ? Aujourd’hui, ils traînent le visage dépité, le regard fuyant et les bras ballants de l’impuissance du général Gabriel Ramanantsoa face aux péripéties de l’histoire.

T. Rasam

Partager sur: