Le nombre de marchands ambulants qui trainent leurs pieds à longueur de journée dans les rues de la capitale ne cesse d’augmenter. Il semble aujourd’hui que, pour survivre, tout le monde ne pense plus qu’à vendre le peu de chose qu’il y a à vendre. Ils ne peuvent pas faire autrement. C’est une question de survie.
Mais à voir de plus près, on remarquera que toutes les marchandises qu’ils proposent sont plus ou moins identiques. Ce sont les mêmes marchandises de pacotille que l’on trouve dans les magasins de seconde catégorie. En d’autres termes, on peut en conclure qu’ils s’approvisionnent auprès des mêmes fournisseurs.
Qui sont-ils donc ces fournisseurs ? Ce n’est pas un secret. Tout le monde sait qu’ils s’approvisionnent tous dans les magasins karana et aujourd’hui les marchands chinois complètent la liste. Pour certains fournisseurs de ces marchandises, il suffirait de présenter une carte
d’identité nationale avec ou non la caution morale d’un tiers le plus souvent déjà connu par le fournisseur de marchandises.
C’est un système bien rodé depuis des années qui permet aux fournisseurs d’écouler beaucoup de marchandises sans payer les nombreux revendeurs que sont les marchands ambulants. En effet, ces derniers ne perçoivent pas de salaire. Le succès du système repose sur le bon choix des revendeurs. Tout est question de confiance.
Mais le système est préjudiciable à l’Etat, en particulier pour le fisc. Il est difficile, voire impossible pour le fisc de percevoir quoi que ce soit de ces marchands ambulants. Même la police municipale pourtant dotée d’un effectif pléthorique éprouve les plus grandes difficultés à les pourchasser.
Alors, on peut être certain que la structure fiscale telle qu’elle est aujourd’hui n’a pas
l’effectif suffisant pour jouer au chat et à la souris avec les marchands ambulants comme ils le font avec les éléments de la police municipale. En fin de compte, ce sont des milliers, et même plus, de marchands ambulants qui parviennent à échapper au fisc.
C’est une grosse perte pour le fisc car, évidemment, le pourvoyeur de marchandises à ces marchands ambulants ne va jamais déclarer au fisc cette partie des ventes effectuées par les marchands ambulants afin d’éviter de payer plus d’impôts et de taxes.
Quant aux marchands ambulants, on ne peut pas compter sur une déclaration volontaire de leur part en ce qui concerne leur activité qui est le modèle même de l’informel. Et c’est ce système informel dont les transactions échappent au système fiscal qui fait tourner une partie relativement importante de l’économie du pays.
Et le plus étonnant dans le système c’est que si vous achetez la même marchandise chez le fournisseur de ces marchands ambulants, cela vous coûtera plus cher. On se demande bien comment ces marchands ambulants font pour se permettre d’appliquer de tels prix.
Aimé Andrianina