« Business is business »

L’un des principaux freins au développement économique de Madagascar est certainement le faible niveau d’industrialisation du pays. On ne peut espérer un véritable développement sans l’existence réelle d’un tissu industriel. Pour cette raison, il importe de protéger, sauvegarder, bec et ongle, les rares industries qui existent.
C’est dans ce con­texte que l’Autorité na­tionale chargée des me­sures correctives com­merciales (ANMCC) de Madagascar a pris une mesure de sauvegarde provisoire pour le lait sucré, non sucré, écrémé ou demi-écrémé. Ainsi, l’importation de lait concentré en provenance de la Malaisie, les Pays-Bas, la Chine et Singapour vont être frappés d’un droit additionnel au droit de douanes de 32%.
Une telle mesure est admise par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) quand on constate qu’un accroissement des importations a causé ou menace de causer un menace grave pour l’industrie locale. Le marché local de lait concentré est quasiment détenu par les importations. La part de marché des produits lo­caux pour sa part est très infime et a diminué progressivement.
Le commerce de lait en poudre ré-engraissé ou poudre lactée MGV (ma­tières grasses végétales) enregistre un véritable succès aujourd’hui au niveau mondial. Classé parmi les produits à bas prix, il est souvent exporté vers les pays comme Madagascar où la majorité des consommateurs a un faible pouvoir d’achat.
Il est aussi utilisé comme matière première pour la production de lait concentré, vendu 30% moins cher que le lait concentré fabriqué avec le lait de vache. Puisque les consommateurs n’arrivent pas à distinguer ces deux types de lait concentré, leur choix est logiquement orienté vers le lait concentré à bas prix fabriqué avec les poudres lactées MGV.
Si une telle mesure est possible pour la sauvegarde d’une branche précise de l’industrie nationale, on se demande bien alors pourquoi ce type de décision n’a jamais été pris pour protéger d’autres branches de l’industrie nationale telle que la fabrication de savon à Madagascar.
Dans le temps, le pays avait une importante industrie du savon. Mais à cause des importations sauvages, certaines unités industrielles ont tristement disparu. En effet, les importations de savons sous toutes ses formes (savon en morceau, savon en poudre, détergents…) dominent le marché local alors que Madagascar fabrique du savon sur place et de surcroît de bonne qualité.
Les importations de savons soit disant fabriqués dans l’une de nos îles sœurs alors qu’on n’y existe pas une véritable unité industrielle de fabrication a permis une con­currence déloyale et a porté des coups durs à notre plus grande industrie du savon. Mais il ne faut jamais compter sur les importateurs pour sauvegarder la production locale car pour eux, le seul slogan valable est : «business is business ».

Aimé Andrianina

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