Un cyclone d’une autre catégorie. Freddy fait peur depuis sa formation, son passage dans le bassin indianocéanique et tout au long de sa phase d’approche des îles habitées.
Les météorologues et écologistes l’avaient prévenu depuis belle lurette : les bouleversements climatiques auront pour effet d’augmenter la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles. Cela se vérifie malheureusement. Après le long et lent périple de Cheneso il y a quelques semaines, et sa courbe dévastatrice dans plusieurs régions, Freddy a sorti ses griffes dans la nuit, s’abattant de tout son poids sur des localités qui ont déjà bien souffert l’année dernière. Et par deux fois puisque Batsirai et Emnati ont emprunté, à quelques jours d’intervalle, quasiment la même trajectoire que semble vouloir encore suivre celui-ci. Ce sont quasiment les mêmes localités qui se retrouvent encore sur la sellette. Une fois de plus, leurs populations ont subi les rafales de vents, bourrasques et autres inondations. Une fois de plus, là où ce cyclone a touché terre, les habitants ont passé une très longue nuit, brinquebalants, entre impuissance, désespoir et inquiétudes pour leurs biens et leurs propres vies. Fait remarquable : est-ce dû à la crainte qu’a inspiré ce cyclone mais la prévention et les préparatifs sont allés bon train quelques jours, et même jusqu’à la veille de son atterrissage, en témoignent les images d’une population, même jusque dans la capitale, qui prend ses dispositions, que ce soit en renforçant les demeures, chargeant les toitures de sacs de sable, ou encore rejoignant les sites d’accueil, ont inondé les réseaux sociaux. L’heure n’est pas encore au bilan mais à espérer que celui-ci soit inversement proportionnel à la violence de cette perturbation.
Et puis il y a ces petites scènes de vie, ces anecdotes et ces insolites, comme ces interminables ironies sur une plaisanterie, ou encore ces critiques contre une note de service d’un département ministériel en français qu’il aurait fallu rédiger en malgache selon certains. Comme si les destinataires, des responsables de l’éducation, étaient incapables de comprendre cette langue. Toujours à verser dans des faux débats et taper à côté, quand les cyclones, eux, ne semblent pratiquement jamais rater la Grande île.
A faire
Cyclone également, quoique de bien moindre mesure, au sein du gouvernement qui a subi quelques transformations. C’était prévisible. Ce qui l’était moins, principalement pour les détracteurs du pouvoir, c’est d’abord le nombre de changements opérés, au grand dam des très nombreuses personnes qui lorgnaient et se voyaient déjà à la tête d’un portefeuille ministériel, et ensuite le retour de certaines personnalités qui ont déjà fait partie de l’équipe exécutive, au sein de la présidence ou à la tête d’un ministère.
C’était sans doute la dernière chance pour les chasseurs de sièges et aventuristes en tout genre, du moins jusqu’au prochain scrutin présidentiel. Effectivement, il semblerait que cette configuration actuelle du gouvernement soit celle qui mènera le pays jusqu’aux élections. En d’autres termes, qui se chargera de faire élire l’actuel chef de l’Etat si jamais il décidait de se porter candidat. Bref, un remaniement pour pas grand chose d’après les opposants au pouvoir. En réalité, le choix des nouveaux entrants, ou plus exactement des postes concernés laisse entrevoir les secteurs prioritaires du régime en place pour ces derniers mois de mandat. Evidemment, il a bien fallu nommer un ministre des Affaires étrangères, et remplacer le ministre des Transports qui sera appelé à occuper d’autres fonctions. Du reste, une attention particulière sera accordée à la Justice qui vient encore de connaître une énième polémique, ainsi qu’à l’Energie, secteur à problèmes depuis de nombreux mois, voire années. Et enfin, hormis la primeur annoncée pour le social, le choix d’un nouveau ministre des Travaux publics pourrait confirmer la volonté de boucler les chantiers de construction ou de réhabilitation en cours.
De toute façon, ce dernier aura déjà fort à faire après le passage de Freddy qui mettra encore en lambeaux des pans entiers d’infrastructures routières. La Grande île fait face à de nombreux défis internes dont les aléas climatiques qui ne lui ont rien épargné jusqu’ici et qui ont malmené des infrastructures vieillissantes ou laissées pratiquement à l’abandon depuis des décennies. D’aucuns estiment que ce qui n’a pas été fait pendant ces dizaines d’années, ou ces quatre dernières, ne pourront pas l’être en quelques mois. Mais le pouvoir a tout intérêt à le faire.
N.R.