Arts de la scène : la Cie Rary a formé 2.000 danseurs chorégraphes

Une des compagnies de danse contemporaine les plus prolifiques aussi bien sur la scène nationale que continentale, la Compagnie Rary d’Ariry Andriamoratsiresy marque cette année son 25e anniversaire dans la capitale autour de trois temps forts, aux mois de mars, avril et juillet. Interview.

*Les Nouvelles : Ra­contez-nous vos débuts dans le milieu chorégraphique ?
– Ariry Andriamoratsiresy : J’aurai 55 ans cette année. C’est auprès d’Alphonse Tiérou, chorégraphe et chercheur en danse africaine d’origine ivoirienne et de la compagnie de danse de Claude Brumachon que j’ai fait mes premiers pas dans la danse contemporaine à l’âge de 18 ans, en 1994, lors d’une formation au Kenya. En 1996, la Compagnie Rary est née, mais nous avons travaillé au Tahala Rarihasina à partir de 1998. J’ai également suivi une formation à La Réunion et Vienne en matière de danse contemporaine avant de me consacrer à la transmission au sein de l’école Rary. En 2001, Rary a décroché le deuxième prix Sanga et le premier prix RFI, ce qui nous a propulsés sur la scène internationale à travers une tournée sur trois continents.

*Comment se déroule cette célébration ?
– Il faut préciser qu’il ne s’agit pas de célébration mais plutôt une manière de marquer nos quart de siècle d’activités artistiques. Ceci étant dit, j’animerai ce jeudi après-midi à l’Académie Malagasy, une conférence portant sur «Dihy rary, porteur de message». Le 18 mars, un spectacle d’ouverture aura lieu sur le parvis du Tahala Rarihasina Analakely, suivi d’une exposition et un défilé de mode avec la participation de Takalo Haingo in situ, du 10 au 15 avril. S’ensuivra une performance autour de la danse et des percussions, du 17 au 22 avril. La dernière semaine du mois d’avril sera consacrée à la huitième édition du festival Dihy Soratra. Du 17 au 29 juillet, la 10e édition du Labdihy, laboratoire international d’écriture chorégraphique organisé par la Compagnie Rary depuis 2005 à Antananarivo, clora
l’événement.

*Comptez-vous mettre en place la relève ?
– Deux membres de la Cie Rary étaient là avec moi depuis le début jusqu’à maintenant. Les autres membres ont créé leur propre structure chorégraphique. Effective­ment, la relève est déjà assurée, nous avons un réseau à Antsirabe, Moramanga, Toa­ma­sina et sur l’ensemble de l’île. Tout au long de ma carrière, j’ai formé des jeunes en matière de danse contemporaine, mais d’autres artistes issus de disciplines différentes ont également travaillé de près avec moi. «Saritapaky ny Rary », cette exposition photographique regroupe le portrait des élèves de Rary depuis ces 25 dernières années. Nous avons recensé jusqu’ici 2.000 élèves dont une bonne vingtaine de danseurs chorégraphes professionnels, présents aujourd’hui sur la scène nationale et internationale.

*Comment voyez-vous la danse contemporaine à Madagascar ?
– La Compagnie Rary fait partie de l’ossature de la danse contemporaine africaine. Sur le plan national, la danse contemporaine s’épanouit progressivement. Nous sommes encore au stade de vulgarisation, pour la simple raison qu’on se focalise bien souvent sur les besoins de première nécessité à Madagascar. L’art est également indispensable. Il faut constamment éduquer le public et les artistes à l’état créatif plutôt que l’état consommateur de l’art.

Joachin Michaël

Partager sur: