Le taux de croissance économique demeure faible. Le climat des affaires reste morose. Il n’y a pas assez de dialogue public-privé. L’incertitude plane à la veille des élections… En partageant ces constats à l’issue de l’assemblée générale du Groupement des entreprises de Madagascar (Gem), hier au Radisson Blu Hotel, Thierry Rajaona, président dudit groupement, appelle les autorités à donner la latitude d’investir au secteur privé.
Le taux de croissance économique de Madagascar est estimé à 4,2 % pour l’année 2022. «Ce taux ne suffit pas compte tenu de la croissance démographique de 3 % par an et sachant que 80 % de la population malagasy vivent sous le seuil de la pauvreté », a déclaré Thierry Rajaona. Cet opérateur estime qu’il est « tout à fait possible de viser une croissance continue du PIB de plus de 10 % année par année, comme l’ont fait la Chine, la Malaisie, la Corée du Sud, le Rwanda, l’Ethiopie».
Malheureusement, «le secteur privé investit de moins en moins dans l’économie depuis les cinq dernières années. La part du secteur privé dans l’investissement en général est passée de 14 % du PIB à moins de 8 %. Et c’est en baisse continue», a soulevé le numéro un du Gem.
Pour parvenir à un taux de croissance continue à deux chiffres, le Gem appelle à «un cadre qui facilite l’investissement». Thierry Rajaona prend l’exemple du secteur énergie «qui investit dans les barrages hydroélectriques. Mais comment se fait-il que le projet Sahofika élaboré depuis sept ans et ayant fait l’objet d’une signature en 2021, ne soit toujours pas finalisé en termes d’accord ? Où est la volonté politique ? Le secteur privé est prêt. Mais il faut que les autorités mettent la main à la poche», a-t-il lancé.
Quid des prochaines élections ?
Et le contexte laisse planer l’incertitude. Pour le président du Gem, «Non seulement, les autorités ont sans doute d’autres priorités dans un contexte électoral. Mais comme à chaque élection, nous ne sommes pas à l’abri de troubles pré ou postélectoraux, laissant perplexes les investisseurs privés locaux et étrangers qui attendent l’issue des élections avant d’engager réellement de nouveaux projets».
Pourtant, cet opérateur cite plusieurs opportunités d’investissement dans le domaine de l’énergie (les barrages hydroélectrique de Sahofika et Volobe…), des mines avec le projet Base Toliara. Mais «les permis miniers restent bloqués autant que le projet de loi sur les mines. Des accords de pêches sont souvent établis au détriment du secteur privé», a-t-il déploré.
Et Thierry Rajaona de conclure : «Il n’y a pas assez de dialogue public-privé pour débattre des questions. Face à la réalité et aux décisions prises par les autorités, nous ne pouvons que les contester. Et j’insiste une fois de plus, faites en sorte que le secteur privé contribue au développement économique».
Arh.