Le cheptel malagasy risquerait-il d’une menace de disparition ? On se pose la question face aux deux maladies qui ravagent les bovidés malagasy, à savoir, la dermatose bovine
et la suspicion de la
fièvre de la Vallée du Rift. De nombreux bovidés seraient décédés à cause de ces deux maladies.
On croit savoir que nous avons des techniciens hautement qualifiés en matière d’élevage. D’ailleurs, n’a-t-on pas spécifiquement mis en place un Secrétariat d’Etat chargé de l’élevage ? On ose espérer que ces techniciens sauront lutter efficacement contre toutes ces maladies.
Si cela arrivait, que resterait-il à nos braves paysans s’ils n’avaient plus leurs zébus ? C’est leur principal outil de production dans la mesure où la mécanisation dans les travaux agricoles reste encore relativement peu développée. Le fait est que nous sommes restés à un stade de développement agricole qui n’a pas changé depuis plusieurs décennies.
Cette situation est l’une des causes principales de l’insuffisance de la production. Avec les mêmes techniques agricoles, on n’arrivera jamais à booster la production de manière à pouvoir atteindre l’autosuffisance alimentaire. On peut toujours essayer d’utiliser des engrais (surtout chimiques) pour doper la production.
Cela marchera peut-être pendant quelques années. Mais à termes,
la situation sera encore pire car cette technique entrainera la destruction du sol qui ne pourra plus produire pendant des années et des années. C’est un risque à courir.
Il est faux de penser que nos cultivateurs sont fondamentalement opposés à la mécanisation agricole. Leur faible engouement à la modernisation de l’agriculture s’explique par le fait que le prix de ces matériels de production n’est pas à la portée de la grande majorité de nos cultivateurs.
Pourtant, la mécanisation des activités agricoles est incontournable. Qu’on le veuille ou non, il faudra s’y faire. Et pour y parvenir, l’Etat a un premier rôle essentiel à jouer. Effectivement, il doit tout faire pour que les outils mécanisés soient plus accessibles aux agriculteurs afin que ces derniers puissent produire plus qu’on ne consomme.
Avoir du surplus est toujours nécessaire non pas dans un esprit mercantile. Les derniers évènements qui sont survenus sur le plan national ou international prouvent que l’autosuffisance est plus que vitale. La pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont provoqué une surenchère du prix des produits alimentaires.
Quant aux aléas climatiques, les derniers cyclones qui sont passés ces dernières années ont montré qu’à un moment ou un autre, il ne sera pas toujours possible de cultiver. Il faudra alors préalablement arriver à avoir un surplus de
production disponible de manière à ne plus être obligé d’importer ce dont nous avons besoin. Mieux vaut prévenir que guérir.
Aimé Andrianina