Simple coïncidence ?

L’insécurité grandissante est toujours à la une de l’actualité à Madagascar. Tout dernièrement, trois personnes ont été enlevées à Mor­arano Chrome. En con­trepartie de la libération des otages, les ra­visseurs exigent qu’on leur verse une somme très élevée.

On peut penser que c’était la goutte qui a fait déborder le vase car les forces de l’ordre ont réagi radicalement afin d’éradiquer ce fléau dans la région. Ainsi, le couvre-feu est instauré dans les districts d’Am­batondra­zaka et d’Am­parafara­vola.

Quoi qu’il en soit, cette décision de couvre-feu est exceptionnelle et étonne plus d’un car on n’a jamais assisté à un tel cas, n’importe où dans le pays, dans
la lutte contre des actes de banditisme, aussi importants soient-ils. Beaucoup s’interrogent sur les motifs de cette décision.

Par ailleurs, 300 éléments des forces armées ont été détachés à Am­parafaravola. La mobilisation d’un tel effectif signifie que l’affaire n’est pas prise à la légère par les responsables de l’ordre public. Quoi qu’il en soit, la présence sur pla­ce d’un tel effectif permettra, un tant soit peu, de sécuriser la région.

Qu’on le veuille ou non, le montant de la rançon demandée – une très forte somme-, a certainement suscité beaucoup d’interrogations auprès des observateurs. On peut se demander si la famille des victimes a les moyens de satisfaire cette demande.

Dans l’affirmative, il est évident que les ravisseurs ne peuvent être que dans l’entourage des victimes pour exiger une somme aussi importante ou tout au moins dans la même localité. Il est certain qu’il y a quelqu’un qui donne des informations aux ravisseurs pour que ces derniers aient bien choisi leurs cibles.

Il faut savoir que dans cette région, en cette période, les rizières sont encore vertes (« maitso ahitra »), c’est-à-dire qu’il n’y a pas encore de ré­coltes. Autrement dit,
en principe les paysans n’ont pas d’argent. Pour­tant, les ravisseurs n’ont pas hésité à exiger une forte somme. Donc, ils savent que la famille des victimes ont du répondant.

Dans ce contexte, les responsables de la sécurité publique ont bien raison de mettre les bouchées doubles dans la lutte contre le kidnapping dans cette région. En effet, qu’en sera-t-il quand la période de ré­coltes arrivera et que cha­que ménage de paysans se trouve enrichi du produit de leur vente ?

Il est tout de même curieux qu’à chaque fois, quelques mois avant une importante élection, la sécurité dans le pays est mise à mal. On a maintes fois remarqué qu’il y a toujours recrudescence du grand banditisme. A savoir s’il s’agit d’une simple coïncidence ou s’il y a des corrélations.

Aimé Andrianina

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