La raison d’être du Club Entrepreneurs Etudiants du Rendez-vous des Entrepreneurs (Ceere) : promouvoir l’entrepreneuriat, et surtout auprès des jeunes. Entretien avec Lucky Andrianirina, le président du Ceere, à Antananarivo. Et lui-même entrepreneur.
Que fait concrètement le Ceere et à l’endroit de qui ?
C’est une association qui a vu le jour il y a 12 ans, déjà. Concrètement, nous guidons les jeunes à se tourner vers les personnes qui peuvent les aider à concrétiser leur projet ou à développer leur entreprise. Nous les aidons aussi dans tout ce qui est réseautage. Pour ce qui est des activités, nous avons le “rendez-vous des entrepreneurs” : c’est une conférence suivie par des échanges avec un entrepreneur ou un expert dans un domaine bien défini. Nous menons aussi des formations autour d’un concept clé. Les jeunes seront orientés vers d’autres formateurs s’ils veulent approfondir un thème spécifique comme l’élaboration d’un business plan, par exemple. A côté, nous effectuons des visites d’entreprises et des voyages entrepreneuriaux dans les autres régions de Madagascar afin de découvrir les autres modèles et les opportunités qui se présentent dans les provinces. En outre, depuis deux ans, nous menons une autre activité : cela concerne la maîtrise du “pitch”, c’est-à-dire savoir prendre la parole devant un public. C’est une compétence très utile pour un entrepreneur. Enfin, depuis l’année dernière, nous avons l’Adobusiness skills, c’est une activité dédiée aux lycéens où on leur fait découvrir les techniques entrepreneuriales pendant deux jours. Pour finir, nous menons des concours de projet de temps en temps.
Comment fait-on pour adhérer à l’association pour pouvoir profiter de ces panoplies d’activités ?
Nous avons à peu près 200 personnes inscrites. 88 ont candidaté et nous avons reçu une soixantaine, c’est réjouissant car cela montre que l’entrepreneuriat suscite un intérêt. L’association est ouverte aux jeunes qui veulent entreprendre surtout s’ils ont des idées mais ne savent pas comment faire, par où commencer. Ou bien des jeunes qui sont déjà dans l’entrepreneuriat et qui veulent aller plus loin. Les personnes qualifiées qui veulent aider ces jeunes sont aussi les bienvenues. Il faut surtout être très dynamiques car nous sommes tous des bénévoles. Pour la province d’Antananarivo, nous faisons un recrutement chaque fin d’année. A Toamasina, ils recrutent deux fois par an et à Fianarantsoa, on peut adhérer à tout moment.
Quelle vision avez-vous de la jeunesse et de l’entrepreneuriat à Madagascar ?
Les jeunes s’intéressent à l’entrepreneuriat. Malheureusement, très peu d’entre eux arrivent à transformer et à concrétiser leurs idées en produit ou service commercialisable. Il faut être patient et quand on est jeune, la peur d’échouer est omniprésente. A côté, il y a les idées reçues comme quoi entreprendre nécessite toujours des fonds énormes. Certes, nous avons besoin d’argent mais pas forcément beaucoup d’argent. Par ailleurs, il faut toujours informer les jeunes et les mettre face à la réalité, leur montrer toutes les possibilités. Les jeunes qui veulent entreprendre doivent savoir qu’entreprendre n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut avoir toutes les compétences requises en la matière et savoir entretenir la motivation. Il arrive d’avoir des doutes. Parfois, les ventes sont nombreuses et parfois, les ventes se font attendre. Savoir gérer ces fluctuations est donc important.
Vous co-organisez également l’Espace Jeune Entrepreneur (EJE)…
L’idée, c’est de mettre en contact les porteurs de projet avec les professionnels du monde de l’entrepreneuriat pour qu’ils puissent s’inspirer et créer des contacts pour s’orienter et concrétiser leurs idées. C’est une expérience unique, réelle et palpable pour tous les visiteurs. L’objectif, c’est qu’en sortant, chaque participant ait le sentiment qu’il a appris quelque chose, qu’il est capable de mieux structurer ses idées, de développer son entreprise et qu’il connaît les personnes qui peuvent l’aider.
Ainsi, la première journée est dédiée aux entrepreneurs et la dernière journée aux porteurs de projets ou aux étudiants. Nous allons faire en sorte que les visiteurs participent activement à tous les conférences, ateliers et formations.
Nous avons aussi prévues des conférences avec les alumni du YLTP qui porteront sur les thèmes “les modèles à impact positifs sur l’environnement “, “les modèles sur l’économie rurale agricole”, “l’autonomisation de la femme”, et “le modèle économie sociale et solidaire”. Il nous faut prendre en compte l’économie et tout ce qui se passe au niveau de la société. Cela n’a pas encore été fait lors des précédentes éditions. L’activité phare de l’Espace Jeune Entrepreneur c’est le “speed business meeting” : c’est un moment qui permet aux visiteurs de discuter avec au moins cinquante entrepreneurs, chaque personne dispose d’environ 5 minutes pour échanger avec un entrepreneur. En peu de temps, on peut se faire un réseau ! Nous avons aussi prévu un afterwork ce vendredi, ce sera un échange sans la moindre pression.
Tiana Ramanoelina