Dans le dernier communiqué de l’antenne locale de la WWF, on apprend qu’en matière de trafic des espèces protégées, 64% des saisies internationales proviennent de Madagascar. C’est énorme, il faut le souligner. Ces trafics portent surtout sur la faune par rapport à la flore. Si ces trafics touchent toutes les espèces protégées, les principales victimes sont les lémuriens et les tortues.
S’il existe de nombreux prédateurs internationaux, ceux qui sont sur place sont les plus dangereux. En effet, malgré l’interdiction de chasser
ces espèces protégées, dans leur milieu naturel, elles font l’objet de braconnage pour être consommées. Les plats préparés à partir de ces animaux sauvages sont des mets très prisés dans de nombreuses régions de Madagascar.
Et avec la pauvreté actuelle de la population, ces espèces protégées constituent des sources de viande inestimables pour elle, donc de quoi remplir la marmite. D’autant plus que dans certaines régions, leur consommation figurait dans les habitudes culinaires alors que dans d’autres, il est formellement interdit («fady») de les manger.
Ces interdits ou tabous diffèrent selon chaque région ou chaque ethnie et cela selon leurs propres us et coutumes. Et l’interdiction formelle de chasser, de commercialiser et de manger ces espèces protégées n’a jamais été effectivement respectée. D’ailleurs, même certains notables et responsables locaux s’adonnent à ce type de chasse sans considération aucune de la loi.
Autrement dit, c’est à l’état sauvage que ces animaux courent le plus grand danger car ils y sont peu ou prou protégés. Outre leur consommation par la population locale, les braconnages en vue de trafic déciment petit à petit la population des espèces animales protégées. Les braconniers osent braver la menace de sanctions pour quelques milliers d’ariary.
Heureusement encore qu’un très grand nombre de ces espèces protégées sont élevées en tant qu’animaux de compagnie, en particulier les tortues. Cette préférence s’explique par le fait que ces dernières ne donnent pas beaucoup de problème si elles vivent dans un milieu autre que leur habitat naturel. Ce qui serait différent dans le cas d’un lémurien.
Et en tant qu’animaux de compagnie, elles ont la chance de ne pas être consommées. On peut dire que très souvent, on trouve une tortue dans de très nombreux ménages malgaches. D’autant plus que, vrai ou faux, il existe une croyance locale selon laquelle, une tortue protégerait de la foudre. Et c’est pourquoi, de nombreuses personnes se servent d’une tortue comme animal de compagnie et de protection.
Ainsi, pour ce type d’espèce protégée, c’est-à-dire les tortues, on peut espérer que son extinction n’est pas pour demain. On peut toujours faire appel, si besoin est, à tous ces éleveurs improvisés dans l’objectif de renforcer l’effectif de sa population. Et il faut croire que cela ne posera aucun problème.
Aimé Andrianina