A l’occasion de ses 25 ans d’existence, la Compagnie Rary d’Ariry Andriamoratsiresy, consacre une riche programmation, dont l’exposition portant sur le thème « Dihy soratra, soradihy », le langage chorégraphique à Madagascar.
*Les Nouvelles : Quelle est votre perception de la « choréologie » ?
– Ariry Andriamoratsiresy : Les chorégraphes cherchent également à forger leur propre langage, telle la partition d’une musique. De manière plus précise, la choréologie consiste à noter tous les mouvements possibles du corps humain de façon précise et concise en vue d’une création chorégraphique. L’on doit cette notation aux illustres danseurs, Joan Benesh et Rudolf Laban.
*A Madagascar nous avons le « Dihy soratra ».
– Effectivement. L’histoire retient que la France a codifié la danse classique à l’époque du roi Louis XIV (1638–1715). Deux siècles plus tard, durant le règne d’Andriatompokoindrindra, le terme « Dihy soratra », traduction libre de la « choréologie », était évoqué dans le livre « Ny Tantaran’ny Andriana eto Madagasikara », sous forme de gribouillage. C’est d’ailleurs l’une de nos plus grandes découvertes en termes de recherche chorégraphique.
*Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette mutation du mouvement au texte ?
– Le 2 mars, j’ai animé à l’Académie Malagasy, une conférence sur « Dihy rary, porteur de message ». Pour l’occasion, l’accent a été mis sur le langage en tant qu’objet de science dans sa hiérarchie et sa progression : l’alphabet, le mot, la phrase et le texte. Il en va de même pour notre discipline artistique, qui renferme un vocabulaire chorégraphique, une phrase chorégraphique et un texte chorégraphique.
*Qu’est-ce qui fait sa particularité ?
– De manière plus générale, la danse africaine insuffle une certaine énergie. La danse à Madagascar quant à elle, véhicule un symbole de fluidité. Dans une société où la tradition orale est bien ancrée, la danse véhicule les valeurs du « Non-vu » et du « non-dit ». Le plus grand défi pour ce 25e anniversaire est d’initier tous les élèves de la Sekoly Rary à l’écriture chorégraphique. Nous aurons l’occasion d’en parler dans la capitale autour de trois temps forts, ce mois-ci, en avril et en juillet.
Propos recueillis par Joachin Michaël