Ces derniers jours, on a appris la découverte de tous genres de trafics avec Mayotte. Les prises ont dévoilé l’existence d’importants trafics entre Mayotte et Madagascar. Et cela concerne divers produits. La dernière en date est la découverte d’une centaine de bidons remplis d’alcool et quelques jours auparavant, il s’agissait de 2 tonnes de poissons.
Bien évidemment, on peut croire que ces trafics ont toujours existé et qu’ils ont été volontairement ignorés, pour une raison ou une autre, par nos gardes-frontières. C’est seulement après le naufrage de cette embarcation au large d’Ambilobe et qui a coûté la vie à 34 personnes (selon le dernier bilan reçu) qu’on a plus ou moins renforcé les contrôles.
En effet, cette catastrophe était tellement énorme qu’il fallait agir et donner des résultats le plus vite possible pour montrer que nos gardes-frontières ne se tournaient pas seulement le pouce. Quoi qu’il en soit, ces dernières prises renforcent l’idée selon laquelle, quand on veut,
on peut. Mais qu’on le veuille ou non, ces actions a posteriori ne constituent que du tape-à-l’œil.
A vrai dire, on pourrait parler de laxisme si ce n’est pas par complicité que ces gardes-frontières ont toujours fermé les yeux sur tous ces trafics. Il va sans dire que d’énormes sommes d’argent circulent avec tous ces trafics. Outre les trafics de personnes, car c’en est un, il se pourrait également que c’est par cette voie que l’or est évacué hors de nos frontières.
Le trafic peut aussi porter sur des produits prohibés tels que la drogue. Le trafic de drogue va toujours de pair avec celui de d’alcool. D’autant plus que dans cette région d’Ambilobe, on a déjà découvert de grandes plantations de cannabis (« rongony »). Et pour des gardes-frontières peu scrupuleux, s’acoquiner avec les trafiquants peuvent leur rapporter gros.
C’est toujours la même histoire, on ne bouge pas, on ne lève pas le petit doigt. Il faut qu’un grand évènement survienne pour qu’on se décide enfin de bouger afin de calmer l’opinion publique. D’ailleurs, on peut d’ores et déjà croire que tout reviendra « à la normale » d’ici quelques jours. Les trafiquants reprendront de plus belle leurs activités et tout
le monde fermera les yeux.
Comme toujours, on intervient comme un médecin après la mort, c’est-à-dire, trop tard, alors que si le contrôle de toutes les embarcations avait été effectué comme il devrait l’être, on aurait pu éviter ce drame. Ce qui n’est que la conséquence logique de tout le laisser-aller qui règne sur nos frontières, tant à la sortie qu’à l’entrée. Mais cette fois-ci, le tribut à payer est trop lourd.
Aimé Andrianina