Un combat perdu d’avance ?

La déforestation de Madagascar progresse inéluctablement. De 10 762 millions d’hectares en 1990, la couverture forestière du pays n’est plus que de 8 millions d’hectares aujourd’hui, soit 10% seulement de la surface totale du pays. Qu’on le veuille ou non, on ne peut pas réfuter le fait que l’avancée de ce phénomène est remarquable et que la situation est catastrophique au point que la Grande île est désormais appelée l’île rouge et non plus verte.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ce phénomène. Ce sont les éternels feux de pâturage non contrôlés, les cultures sur brûlis, la fabrication de charbon de bois, … Et si l’on se rappelle ce qui s’est passé la dernière fois, les in­cendies des forêts, volontaires ou non, ont fait d’importants ravages. Sur ce point, il faudra renforcer les actions de la lutte contre les feux. Ces feux sont à craindre avec la fin de la saison des pluies.
Pour être efficace, il faudra songer à se doter de moyens efficaces. En­tre autres, on peut penser à l’acquisition d’un aéronef du type canadair CL-145, cet avion bombardier d’eau amphibie spécialisé dans la lutte contre les feux de forêts. C’est un investissement qui sera de loin profitable au pays pour lutter contre toutes les sortes d’incendies vo­lontaires ou non.
Avec un rayon d’action de 2443 km de distance franchissable, un seul appareil de ce type suffirait dans la mesure où la Grande île s’étire du nord au sud sur 1 600 km, du cap d’Ambre au nord au cap Sainte Marie au sud alors que la largeur moyenne n’est que de 500 km. Et les points d’eau où il pourrait s’approvisionner ne sont pas rares partout dans le pays.
Face à cette déforestation, on compte reboiser annuellement 75 000 hectares. L’intention est louable mais insuffisante. Effectivement, si on fait bien le compte, à ce rythme-là, il faudra plus d’un siècle pour qu’on arrive à reboiser une surface égale à la superficie totale de forêt qui subsiste actuellement. Or, la pression sur ces forêts ne fera que se renforcer.
La croissance de la demande en charbon de bois et en bois de chauffe est inévitable tant qu’on n’aura pas trouvé une solution alternative en matière de source d’énergie. Et à priori, ce n’est pas pour demain que la majorité des foyers malgaches n’utilisera plus le charbon de bois ou le bois de chauffe pour cuisiner. Et cette demande progresse corolairement avec l’augmentation de la po­pulation aussi bien urbaine que rurale.
Bien sûr, on compte sur la contribution de tout le monde pour reboiser autant que faire se peut. Mais comme on l’a déjà dit, ces actions de reboisement opérées par différentes entités publi­ques ou privées ressemblent plutôt à un pique-nique organisé. Il faut laisser le reboisement à de vrais professionnels qui n’auront que çà à faire sur tout le territoire national, autrement, c’est un combat perdu d’avance.

Aimé Andrianina

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