Conférence :« La place du Ody Gasy dans la lutte pour l’indépendance »

Au-delà d’une dimension mystique et des croyances superstitieuses, les amulettes occupaient une place importante dans la lutte pour l’indépen­dance. Dans une salle archicomble de l’ADMC-Craam de l’université d’Antananarivo hier, l’acadé­micien Serge Henri Rodin, l’historienne Jacqueline Rave­lomanana et l’anthropologue Solofonante­naina Mika Randria, ont animé hier une conférence portant sur « La place du Ody Gasy dans la lutte pour l’indépendance ».

Devant un auditoire attentif et curieux composé majoritairement d’étudiants et passionnés d’histoire de Madagas­car, les trois conférenciers ont remis les choses dans leur contexte historique.
C’était pendant le règne d’Andrianampoinimerina (1787-1810) que porter des amulettes était devenu une tradition bien ancrée et chargée de sens. Elles faisaient l’objet d’un véritable culte car ceux qui les portent les croient capables de leur procurer santé et richesse, de protéger leurs personnes et leurs biens contre les maléfices. Bien plus tard, les amulettes servaient d’armes surnaturelles, à des fins militaires pour repousser la force coloniale.
« Ces amulettes confectionnées, à partir de plusieurs éléments orga­­niques, ont trois vertus : repousser la maladie, se protéger et nuire », détaille Solofonantenaina Mika Randria. De son côté, Jacqueline Ravelomanana a souligné que le « ody » est sujet à une mauvaise interprétation, puisque «le ody n’a jamais été un objet maléfique».
«La conception du ody dans sa nature individuelle et du sampy dans son caractère collectif, remonte à l’époque des vazimba ou protomalgaches durant laquelle ils étaient palladium pour un clan, voire même tout un pays. Leur efficacité réside dans la composition même. Le sampy est un chapelet de ody dont les vertus réunies donnent toute sa puissance», argumente-t-elle.
D’après les conférenciers, nos talismans et amulettes ont perdu leur essence, avec l’arrivée du christianisme. Effectivement, le règne de Ranavalona II (1868-1883) était marqué par
l’occidentalisation du pays et notamment par sa conversion à la religion chrétienne protestante, déclarée également comme religion d’Etat. Les missionnaires chrétiens avaient donné des directives de se débarrasser des amulettes à cause de leur rattachement à l’idolâtrie. Du coup, la reine avait ordonné leur destruction et interdit leur pratique.

Joachin Michaël

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