Mercredi des idées en goguette: Secteur miné

Plus que jamais, et alors qu’aucun événement particulier n’y soit vraiment pour quelque chose, le secteur minier s’insinue dans les discussions et les actualités. Il en a même failli être l’uni­que préoccupation du dernier conseil des mi­nistres qui a pris des résolutions décisives sur quelques sujets. Le temps aura ainsi semblé long pour les opérateurs mais c’était, à en croire les responsables publics, le délai nécessaire pour un dé­but d’assainissement du secteur. Une dizaine d’années plus tard, l’examen des demandes permis en attente devrait pouvoir re­prendre, tout comme les exportations d’or, au bout de quelques années de suspension. Un nouveau souffle, une reprise pour le secteur ? Ce qui est certain, c’est qu’en l’état actuel de l’économie malgache, fortement mal­menée par les im­pacts de la crise sanitaire, du conflit en Ukraine et des aléas climatiques, les mines restent un des meilleurs recours qui puissent exister si l’on souhaite un tant soit peu relever la situation. C’est bien simple, au jour d’aujourd’hui, le secteur reste ni plus ni moins le plus grand pourvoyeur de devises pour le pays. C’est une constante de­puis plusieurs années, malgré le Covid, la guerre ou les cyclones…
Si l’on a toujours eu pour habitude de ressasser que la Grande île regorge de ressources minières, elle n’a, longtemps, pour autant pas été la destination privilégiée des grands investisseurs, en raison d’abord des fréquentes périodes d’instabilité politique prévalant au pays et donc d’insécurité des investissements, a toujours eu un effet répulsif. Mais la donne a changé ces derniers temps. Au niveau des petites mi­nes, la gabegie a toujours fait loi et les textes se sont multipliés pour réguler cette activité. Il est peut-être temps de donner une véritable chance au secteur extractif, avec tout ce que cela sous-entend d’encadrement.

Vouloir ou pas

Cela étant, il faudra réellement le vouloir, notamment au niveau des grandes mines. Et pour cause, rien ne sert de faire appel à des investisseurs si c’est pour multiplier les tracasseries et changer les règles du jeu à tout va par la suite.
La Grande île souffre depuis longtemps de déficits en infrastructures, de telle sorte que tout opérateur qui s’implante doit lui-même investir considérablement avant de pouvoir mener ses activités, no­tamment dans les routes, l’énergie… Et puis, il y a également ces diverses contestations, venant soi-disant des riverains, ou alors d’on ne sait où parfois mais qui tirent leur origine, la plupart du temps, de ouï-dire. Parfois, on n’attendra même pas qu’un opérateur commence une ex­ploitation pour en faire le procès et mettre sur son dos un futur éventuel hypothétique désastre environnemental ou sanitaire. L’incon­nu et le changement font peur. C’est certainement vrai pour les populations locales, mais cela l’est aussi pour les investisseurs.
Alors, soit on décide de laisser définitivement ces richesses dormantes là où elles sont, soit les exploiter nous-mêmes, pour autant que l’on ait les moyens de ce genre de projet. Le cas échéant, autrement dit si c’était des nationaux qui se chargeaient d’une ex­ploitation, sera-t-on certain que l’on ne reparlera plus jamais, comme par enchantement, d’animaux morts, de problèmes liés à la nappe phréatique, ou de dégradation de l’environnement ?
Depuis belle lurette, les industries extractives en ont pris pour leur grade. Autant qu’elles ont fait l’objet d’accusations parfois sans véritable fondement, elles ont également nourri de nombreux fantasmes et subi des tourments au fil des années, entre tentatives de révision à la hausse des redevances minières qui équivaudrait à renier ses propres lois, les pressions en matière fiscale, ou encore les audits environnementaux impromptus.
Pour l’instant, ces produits miniers qui font encore tenir debout l’économie du pays trouvent encore leur utilité dans le monde. Les re­cherches et la technologie évoluant à un rythme effréné, il n’est pas exclu que des produits de substitution leur soient trouvés dans le futur. A ce moment-là, il sera trop tard et Madagascar dormira sur ses richesses qui seront alors bien inutiles.

N.R.

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