Entrée dans l’ère du crime organisé

Le tristement célè­bre Djaffar, personnage bien connu pour ses actes de kidnapping vient de passer l’arme à gauche, non pas en croupissant dans sa cellule de Tsiafahy mais de mort violente. En effet, selon la version officielle, il serait passé de vie à trépas en succombant aux balles de ses acolytes qui se­raient venus le délivrer.
Cela se serait dé­roulé lors de son transfert vers le pénitencier. Mais on peut se de­mander si c’était pour le délivrer qu’il a été accidentellement tué ou bien que c’était lui qui était personnellement visé lors de l’attaque de la voiture qui le transportait car il n’avait pas respecté l’omerta (loi du silence). Il aurait dévoilé à ses geôliers la cache des armes avec lesquelles il escomptait, lui et ses complices, réaliser un coup sitôt à sa sortie de prison.
Quoi qu’il en soit, les bandits deviennent de plus en plus téméraires en osant s’attaquer à une voiture escortée par des gendarmes. Cela prouve également que le crime organisé existe bel et bien à Madagascar parce que, quel que soit le motif de cette attaque (tentative d’évasion ou vendetta), le mode opératoire des bandits n’a rien à envier d’un véritable thriller.
La découverte, tout récemment à Toliara, d’une tentative de trafic d’armes conforte cette idée. On peut croire que ces armes et les nombreuses munitions qui ont été découvertes
n’étaient pas destinées, ni pour faire la chasse, ni à faire une révolution. Ce n’est pas avec une dizaine d’armes qu’on va tenter de faire un coup d’Etat.
Autrement dit, elles devaient servir à d’au­tres desseins. On peut être certain que ce sont les dahalo qui écument toute cette région Sud du pays qui sont les destinataires finaux de ces armes. De tout temps, le trafic d’armes est l’une des activités criminelles à la fois les plus florissantes et les plus profitables dans le monde. Et on peut croire qu’il existe toute une organisation criminelle qui alimente ce commerce criminel à Madagascar.
On comprend mieux maintenant pourquoi les dahalo osent tenir tête aux forces de l’ordre et les affronter directement. Ils bénéficient des trafics d’armes qui sont initiés par des organi­sations criminelles ou des individus sans scrupules. Pour eux, seul compte le profit et ils ne se soucient guère des graves conséquences que peut provoquer la circulation dans le pays de toutes ces armes.
Cette profusion d’armes dans le pays contribue certainement à la montée de l’insécurité. Et les faits se constatent chaque jour que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Ces trafics d’armes couplés au trafic de drogue dure qui ne cesse de se développer font que Madagas­car s’engouffre de plus en plus dans l’ère du crime organisé.

Aimé Andrianina

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