Mercredi des idées en goguette: Pâques (dé)garnie

Un peu partout dans le monde chrétien, Pâques se fête avec ses codes habituels, ses stéréotypes traditionnels, en l’occurrence un festin digne de ce nom, du chocolat à toutes les sauces, ou même, pour le côté profane de la chose, la petite sortie hors de la ville pour
un week-end de trois jours, assez rare dans le calendrier.
A Madagascar, la célébration a franchement perdu de sa su­perbe au fil des années. Cela ne date effectivement pas d’aujourd’hui, mais pour beaucoup, les moyens ne sont, depuis bien longtemps, plus à la hauteur de l’envie de met­tre les petits plats dans les grands, et le pack pascal familial en est réduit à un repas som­me toute moyen, assorti du pique-nique ou du spectacle du Lundi. Les crises survenues au pays, l’épidémie de co­ronavirus, les cyclones successifs, et maintenant le conflit en Europe n’y sont pas étrangers, im­pactant encore et encore une bourse des ménages qui s’est considérablement allégée tout du long. Hausse des salaires il y a eu voilà à peine deux ans mais, entretemps, les chocs exogènes dont les perturbations et la hausse considérable du coût du fret maritime, ont fait tant et si mal que la flambée des prix semble encore plus ressentie au niveau du pays qui a toujours beaucoup importé. Les détaillants imputent la responsabilité des augmentations aux grossistes, les grossistes aux importateurs et, au final, le consommateur en pâtit le plus. Les auto­rités responsables ont adopté des décisions telles que les importations de produits de première nécessité et la fixation des prix plafond afin de maîtriser la spirale haussière. Au grand dam des détracteurs, ce ne sont que des mesures provisoires car même si ces derniers feignent de
l’ignorer, le pouvoir en place projette d’inverser la tendance en investissant dans la construction de plusieurs complexes industriels, entre autres dédiés à la production de sucre, ainsi qu’une cimenterie. Mais cela prend du temps et en attendant, il faudra prier pour que tout se mette en place et que rien ne vienne encore en perturber la mise en place. Pour la résurrection du tissu industriel malgache et celle du pouvoir d’achat de la population.

Pas de miracle

Il est effectivement de ces adversités qui sapent chaque fois toute volonté d’apporter un quelconque changement. Le même tissu industriel
est parti en lambeaux avec les années. Puis, alors que des opérateurs étran­gers manifestent leur intérêt à investir
au pays, on s’oppose en avançant des arguments tels que les encore hy­pothétiques problèmes environnementaux, la simple impression qu’on ne sortira pas gagnant dans le deal, que l’on se fait avoir. On inflige également le même traitement investisseurs malgaches que l’on refuse de voir réussir, parce qu’on leur a apposé une étiquette politique. Quand l’Etat initie un projet
de développement, qu’il s’agisse d’une nouvelle ville ou d’un nouveau mode de transport, on s’oppose également. On se plaint que les lignes ne bougent pas et l’on s’oppose à tout. Et l’on s’étonne après qu’il n’y ait encore qu’une petite partie des programmes présidentiels annoncés qui est réalisée en ce moment, sachant également que ceux-ci ont été retardés par les divers aléas survenus ces deux dernières années.
A se demander quel miracle attend-on donc ? Il est vrai qu’après deux années de restriction sanitaire, les lieux de culte seront de nouveau bondés à Pâques qui sonne comme le point d’orgue de la semaine sainte, cette fête étant considérée comme la plus importante de la chrétienté. D’ailleurs, s’il fallait positiver quelque chose, est-ce un mal pour un bien mais de­puis que la fréquence des crises s’est quelque peu raccourcie, le Mala­gasy est plus poreux à la religion, si ce n’est à la foi. A fortiori, lorsque les choses terrestres posent problème, le spirituel a tendance à prendre le dessus. Ainsi est fait l’humain et le Malgache encore plus en ces jours difficiles. Mais cela ne suffira pas à provoquer un miracle. Il n’y a qu’à force de travail et de changement de comportement que cela peut arriver.

N.R.

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