La colline de Mangabe, à l’Ouest du Rova d’Ambohimanga, a abrité la célébration de l’Alahamadibe, fête du bain sacré, jeudi dans le cadre du nouvel an malagasy.
Mangabe arbore fièrement une teinte rouge flamboyante et blanche, synonyme de souveraineté, de force, de pureté et de sacralité. Considéré comme la fête ancestrale, la plus importante dans l’Imerina, l’Alahamadibe a été inscrit au registre du Patrimoine national culturel immatériel, le 3 avril 2015.
Suivant une tradition bien établie, le « Vondrona Mpandala ny Alahamadibe », cheville ouvrière de cette célébration annuelle, s’est adonné au rituel du « Fandroana », tôt dans la matinée de jeudi. « Au début du crépuscule du matin, tout le village purifie son corps et son esprit avec de l’eau de source », a expliqué Olivier Rakotoarimanga, du comité d’organisation. Viennent ensuite le « Fafirano » (aspersion d’eau sacré), le « tsitsika » (serment) et la « Fandrotsahanasina » (bénédiction) durant lesquels les fidèles se pardonnent mutuellement et implorent Zanahary de leur accorder le sien.
Ensuite, les célébrants procèdent au « Joro », sacrifice d’un zébu au front blanc et d’appliquer le sang de l’animal sur le front. « Omniprésent dans la vie quotidienne des Malagasy, le zébu a un caractère sacré. L’idée de cette sacrifice est de verser le sang pour conjurer le mauvais sort, demander une bénédiction ou encore pour laver nos péchés envers la terre, les ancêtres et l’au-delà», a souligné Josephin Andriandrainarivo, président de l’association Manda Aron’ ny Mahagasy.
Entretemps, une série de spectacles de sova et la « dihin’ ny Ntaolo », bat son plein. Formant un cercle autour d’un feu de camp, les danseurs s’enflamment aux rythmes de percussions. « La danse s’exécute par nombre impair de 5, 7, 9, 11, 13 ou encore 15, symbole de continuité. L’idée est d’exprimer la joie et la gratitude envers le créateur, de nous avoir donné ce Nouvel an. Quand on reçoit, on partage à notre tour », a confié Olivier Rakotoarimanga.
Et, c’est l’essence même du « Zara hasina » durant lequel l’assistance se partage la viande du zébu en guise de « nofon-kena mitam-pihavanana ». Une partie de la viande est cuite à la broche et consommée in situ, tandis que le reste est distribué pour être emporté chez soi.
Au-delà de la purification, les personnes présentent doivent respecter les interdits, notamment au sein du Doany d’Andriantsivongo, l’astrologue d’Andrianampoinimerina. La consommation de la courge, de l’oignon vert, du pois de Bambara et du porc y est fortement déconseillée.
« Dans ce milieu rural, l’agriculture constitue le principal moyen de subsistance. Nous sommes les principaux fournisseurs d’oignons de grands marchés d’Anosibe et de Namontana. Autrement dit, les produits du terroir sont destinés au commerce et non à la consommation », a conclu Ralora, accordéoniste et non moins gardien de la tradition.
Recueillis par Joachin Michaël