Kapok design : L’entreprise qui redonne vie aux boîtes de conserves

Des boites de conserves colorées, sur lesquelles sont dessinés de grands sourires, s’alignent sur une table durant une foire artisanale. Ce sont les “kapoaka” recyclés de l’entreprise Kapok design, fondée en 2020 par Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto. Cette entreprise qui se qualifie d’entreprise sociale, s’est donné comme mission de récupérer le kapoaka, objet indispensable dans le quotidien des malgaches (au moins chaque foyer en a un), et de leur redonner vie en les transformant en magnifiques objets de décoration. Chez Kapok design, les “kapoaka” ou boîte de conserve deviennent des boites à bijoux, des tirelires, des boites de rangements, ainsi que bien d’autres objets de décoration, suivant l’imagination de leur concepteur.

Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto a créé Kapok Design en 2020, pour aider les familles vulnérables à subvenir à leur besoin alors que de nombreuses usines ont fermé leur porte. En effet, Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto est à la base une animatrice sociale, qui travaille avec des familles dont le moyen de subsistance est lié à l’exploitation des déchets industriels ou ménagers. Ces déchets sont récoltés par des familles qui les vendent généralement à des usines réparties en périphérie. “Quand les usines ont cessé de fonctionner, certaines des familles avec qui je travaillais ont perdu leur moyen de subsistance. C’est pour ça que j’ai créé Kapok design”, explique la fondatrice de l’entreprise de recyclage.

Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto travaille actuellement avec sept familles. Ces personnes sont devenues les mains talentueuses derrière les jolies boites exposées par Kapok design. Elles vont aller récupérer les matières premières dans les décharges domestiques ou industrielles et les ramener ensuite à l’atelier à Andranomena, où elles seront nettoyées, désinfectées et peintes suivant des croquis préalablement préparés par des collaborateurs au sein de l’entreprise. « Mon but est de montrer aux gens que les personnes vulnérables ne sont pas des bons à rien. Ils sont peut-être pauvres, mais ils ont des idées et du talent comme tout le monde », explique Mbolatiana Ambininatsoa Razanadrakoto. Pour le moment, les sept familles sont des prestataires, car l’entreprise ne dispose pas encore des moyens financiers pour employer des salariés à plein temps, néanmoins, cette prestation permet à ces familles de subvenir à leur besoin. En parallèle, elles poursuivent leurs activités auprès des usines avec lesquelles elles collaborent depuis toujours.

Les “kapoaka” revisités de Kapok design sont vendus entre 5.000 et 50.000 ariary selon la taille ou la forme de la création. Pour Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto, cette entreprise n’est pas seulement un moyen de soutenir des familles vulnérables. C’est aussi un moyen de sensibiliser la population malgache à la protection de l’environnement à travers le non gaspillage. “Refuser, réduire, réutiliser, recycler et rendre à la nature” sont les termes qui qualifient les activités de l’entreprise. D’ailleurs, outre la sensibilisation, l’éducation est également au cœur des objectifs de cette animatrice sociale. Le but à long terme de Kapok design étant de permettre à travers les gains de l’entreprise de créer une bibliothèque dans un quartier défavorisé pour accompagner l’éducation des enfants dans ces quartiers. “J’ai à cœur depuis toujours l’éducation. Pour moi, les enfants sont le futur du pays”, explique encore Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto.

Actuellement, l’un des plus grandes contraintes de l’entreprise est la rareté de la matière première. “Les gens pensent que les kapoaka se trouvent partout, mais ce n’est pas le cas”, explique la fondatrice de Kapok design. En effet, ces matières premières sont rares à une certaine période comme entre mai et juin. “Les fabricants d’instruments musicaux traditionnels sont nos premiers concurrents. Eux aussi ont beaucoup besoin de cette matière première dans leur travail”, explique-t-elle. Ensuite, l’entreprise fait également face au manque de valorisation par la société malgache du concept de recyclage. Selon Mbolatiana Ambinintsoa Razanadrakoto, l’économie du tri et du recyclage est encore loin d’être intégré dans la conscience communautaire à Madagascar. Les objets de recyclage deviennent des objets sans valeurs pour la plupart des personnes qui les regardent. Sans compter la tendance sociale qui consiste “à débattre le prix, pour n’importe quelle raison et parfois à des prix en-dessous de la valeur de l’objet en question”, déplore la chef d’entreprise. Autant de raisons empêchant de faire du recyclage un moyen de gagner de l’argent.

Nambinina

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