De l’utopie

La capitale est-elle vraiment en proie à une insécurité grandissante ? Aujourd’hui, les gens se font dé­trousser jusque dans les transports en commun. C’est la mésaventure qu’a vécu une dame le week-end. Et encore, si cela s’était déroulé à Anosi­be ou Isotry, on aurait compris. Mais c’était dans un quartier plutôt cal­me, d’autant plus que la scène s’est dé­roulée près du ministère de la Défense, donc forcément, il y avait un militaire en faction devant l’entrée dudit ministère. Ce devait assurer plus de sécurité vu la proximité de militaires.
Cependant, la présence de militaires n’a pas intimidé les dé­trousseurs car ils sont parvenus à leurs fins. De plus, qu’aurait pu faire le militaire de garde de­vant le portail du ministère ? Il était placé là pour garder l’entrée du mi­nistère et non pour tout autre chose. S’il avait quitté son poste pour poursuivre les bandits, il aurait pu être inculpé d’abandon de poste. Ce qui aggraverait encore plus sa situation. Entre la non-assistance à personne en danger et l’abandon de poste, donc en quelque sorte une désertion, son choix est vite fait et on le com­prend.
Mais le plus étonnant dans ce type de mésa­venture, c’est l’absence totale de réaction de la part du receveur. Pour­tant, dans de nombreux cas, les receveurs con­naissent bien ces dé­trousseurs qui sévissent dans les transports en commun car d’habitude, ils opèrent toujours sur les mêmes axes. Mais pourquoi ne réagissent-ils pas ? Par peur de représailles ? Cela ex­plique aussi en partie pourquoi ceux qui assistent à ce type d’acte de banditisme n’interviennent pas. Tous craignent qu’on s’en prenne à leur vie.
Toujours est-il que si le public réagissait, on craindrait pour la vie de ces bandits. En effet, dans les conditions actuelles où la majorité des Mal­gaches est plongée dans les difficultés de la vie au quotidien, un rien peut entraîner la population à réagir de façon extrême. Et sans aucun doute, cela se terminera par le lynchage pur et simple des coupables. On ne peut souhaiter à qui que ce soit de terminer sa vie de cette façon.
On peut également soupçonner une complicité de la part de certains receveurs. Quoi qu’il en soit, qu’ils les connaissent ou non, on peut toujours dénoncer une forme de complicité passive du receveur et même du chauffeur. En effet, il est de leur res­ponsabilité de transporter les voyageurs d’un point à l’autre en toute sécurité. Et les agressions encourues par les voyageurs tant qu’ils sont encore à l’intérieur du moyen de transport public relèvent encore de leur responsabilité. Mais essayer d’expliquer ces responsabilités au receveur et au chauffeur et qu’ils les acceptent, relèverait de l’utopie.

Aimé Andrianina

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