Dans une interview accordée à la « Revue Politique et Parlementaire », parue la semaine passée, l’ancien ministre des Affaires étrangères et non moins actuel conseiller diplomatique du chef de l’Etat, Patrick Rajoelina, est revenu sur la position diplomatique de Madagascar.
«Où en est Madagascar sur le plan de sa politique étrangère ? Quelle est la voix qu’elle entend privilégier et faire entendre ? ». Telle était la question que le rédacteur en chef de la « Revue Politique et Parlementaire », Arnaud Benedetti, a posée à l’ancien ministre des Affaires étrangères, Patrick Rajoelina, le 16 mai dernier. Avant d’y répondre, l’intéressé a tenu à expliquer que Madagascar a une doctrine diplomatique séculaire, héritée des souverains du XIXe siècle.
« Depuis tout temps, notre diplomatie est non alignée, indépendante, ouverte sur le monde (…) L’insularité de Madagascar, la civilisation originale où se mêlent les apports asiatiques, africains, arabes et européens ainsi que l’ambition de devenir une nation émergente font que nous travaillons sans cesse à construire un partenariat mutuellement bénéfique avec tous les pays du monde », a-t-il plaidé, avant d’ajouter que c’est « cette voix d’indépendance assumée et de détermination dans nos objectifs à atteindre pour le bien-être du peuple malagasy que nous voulons privilégier ».
« Un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts »
Quant à la posture adoptée par Madagascar par rapport au conflit ukrainien et ses relations avec les belligérants, il a repris cette assertion de De Gaulle comme quoi, « Un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts ». Et lui de soutenir, « C’est tout à fait dans cette logique universelle que se situe notre diplomatie, qu’elle soit politique, économique ou même culturelle. C’est dans cet esprit qu’en mars 2022, Madagascar s’est abstenu lors du vote à l’ONU ». En d’autres termes, le choix diplomatique et la posture internationale de la Grande île sont clairs et s’inscrivent dans la droite ligne d’une doctrine diplomatique séculaire.
Concernant les accords de coopération militaire de Madagascar, Patrick Rajoelina a soutenu que le pays collabore avec la France, les Etats-Unis d’Amérique, le Maroc et la Russie. « Là encore, nous n’avons aucune exclusivité. Nous sommes un pays souverain particulièrement soucieux de notre indépendance et notre liberté de lier des relations, y compris militaires, avec qui bon nous semble », a-t-il défendu. Par ailleurs au sujet de la revendication de Madagascar sur les îles Eparses, il a rappelé que celle-ci date déjà de 1979, avec en substance deux résolutions des Nations unies.
J.P