Sur les 151 députés que compte l’Assemblée nationale, une trentaine seulement ont été présents pour voter le nouveau code minier. C’est donc ce nombre restreint d’élus qui a voté et adopté le nouveau code minier. Pire encore, pour l’adoption de la nouvelle loi sur les investissements, il n’y avait eu que 19 députés présents.
Qu’on le veuille ou non, cela montre le peu d’intérêt que nos députés accordent au rôle pour lequel les citoyens les ont élus. Une salle désertée par la grande partie des députés, c’est l’image caricaturale de la démocratie à Madagascar : Une trentaine de personnes décident de l’avenir du secteur minier dans le pays, un secteur pourtant hautement stratégique pour le devenir de la nation. Autrement dit, ce n’était pas n’importe quelle loi.
La vie de milliers, voire de millions de personnes dépend du bien-fondé de la teneur de cette loi. Par la suite, il ne faudra pas s’étonner si, plus tard, des voix s’élèvent contre le nouveau code minier quand ce dernier sera mis en application. La grande majorité de ceux qui devaient décider sur le sujet était absente. Le même problème se présentera sur la nouvelle loi sur les investissements.
Encore faut-il savoir combien, sur les rares députés qui étaient présents comprenaient bien les tenants et aboutissants de telles lois et donc de leur importance. En effet, d’aucuns ignorent que pour beaucoup d’entre eux, l’essentiel est de lever le bras pour voter dans le sens des directives qui ont été données.
Dans ce contexte, faire acte de présence et lever le bras pour adopter les nouvelles lois sans avoir aucunement participé directement aux discussions aurait été le minimum de bienséance idoine à la fonction de député en session ordinaire. Mais apparemment, c’est le moindre des soucis de nos élus.
La présidente de l’Assemblée nationale a déjà, à maintes fois, brandi les sanctions à l’encontre des partisans de l’école buissonnière pendant les sessions ordinaires de l’Assemblée. Mais tout compte fait, ce n’était que du verbiage. D’ailleurs, comment peut-il en être autrement dans la conjoncture actuelle ?
Ce n’est pas à quelques mois de l’élection présidentielle que la présidente va créer des remous dans les rangs des députés et risquer de se mettre ses pairs sur le dos. D’autant plus que certains députés, pourtant alliés au régime en place, ont déjà fait montre de désaffection. Le moment n’est pas propice pour qu’on égratigne encore plus leur ego respectif.
Pourtant, s’il y a bien une chose sur laquelle nos honorables élus sont très sensibles, ce sont les sanctions portant sur les énormes avantages dont ils bénéficient pendant les réunions (indemnités, carburants…). Et les sanctions prévues portant sur leur portefeuille devraient les dissuader de l’absentéisme.
Le public a déjà une piètre opinion de nos honorables députés. Il est vrai que certains d’entre eux ne nous épargnent pas des nombreux scandales dans lesquels ils sont trempés (trafics, abus de pouvoir, usurpation de fonction…). Pour toutes ces raisons, il faut toujours se poser la question : Avons-nous les élus que nous méritons ?
Aimé Andrianina