La gâchette facile

Ces dernières semai­nes, si on fait le bilan des opérations réalisées par les forces de l’ordre afin d’apporter plus de sécurité au ni­veau de la population, on peut dire qu’elles ont déployé toute leur énergie dans ce sens. En fin de compte, un grand nombre de bandits a été abattu par les forces de l’ordre du­rant ces opérations pendant qu’ils exécutaient leurs méfaits.

Ces opérations se sont déroulées aussi bien dans les grandes villes qu’en milieu ru­ral. Plus aucune localité n’est épargnée de l’insécurité. Bien évidemment, les forces de l’ordre ont légitimement le droit d’utiliser tous les moyens dont elles disposent quand les bandits utilisent des armes. Toujours est-il que leur riposte doit être proportionnelle à la ré­sis­­tan­ce opposée par leurs vis-à-vis.

Compte tenu de cette dernière condition, on n’arrive pas à comprendre comment trois militaires ont eu besoin d’utiliser leurs armes pour maîtriser un adolescent de 14 ans et de surcroît, de simple d’esprit, semble-il, soupçonné d’avoir voulu aider des voleurs qui avaient des visées sur un bovidé appartenant à un militaire. On aurait identifié trois traces de blessures causées par balle.

De toutes les façons, on peut se demander si c’est bien le rôle des mi­litaires de faire une en­quête sur une soi-disant tentative de vol. Ou bien, c’est parce que l’objet de tentative de vol appartiendrait à un sous-officier militaire que des éléments issus du même corps ont été dépêchés sur place pour « régler l’affaire » à leur manière à la place de gendarmes ?

C’est l’un des grands problèmes dans ce pays : Quand on a le moindre soupçon de pouvoir, on se croit tout permis et qu’on est au-dessus de la loi. Que de fois n’a-t-on vu tous ces abus de pouvoir perpétrés par n’importe qui, qu’il soit un homme en uniforme ou un simple civil. Beau­coup de personnes s’arrogent des pouvoirs auxquels ils n’ont pas normalement droit.

Et le comble est atteint quand l’exercice de ces pouvoirs usurpés porte atteinte à la liberté d’un individu ou même à la vie ou à la mort de quelqu’un. Qu’on le veuille ou non, ce sont des formes de justice bien trop expéditive qui ne devrait avoir cours où que ce soit et pour quelque raison que ce soit. Les auteurs dev­raient être lourdement sanctionnés, rien que pour l’exemple.

Effectivement, les ré­sultats de ces actes d’abus de pouvoir montrent bien souvent à quel point on accorde peu de valeur à la vie humaine. D’autant plus que dans les recoins isolés, toute personne nantie d’un uniforme considère avoir le droit de vie ou de mort sur ses administrés. Et il est reg­rettable que certains ont la gâchette trop facile.

Aimé Andrianina

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