Les députés se sont une nouvelle fois fait remarquer… par leurs frasques. Après un projet de motion de censure avorté, un projet de destitution raté. Ce n’est pas tant dans les intentions qu’il y a à redire, ces procédures étant somme toute parfaitement normales, sinon habituelles dans toute assemblée parlementaire qui se respecte. Elles sont prévues par les textes et font partie des règles du jeu démocratique et politique. C’est plutôt dans le déroulé, les attitudes, voire le fonctionnement général de l’institution elle-même que quelque chose ne va pas.
En effet, de l’avis de nombreux citoyens, certains des locataires de l’institution la font passer, à cause de leur comportement, pour une joyeuse cour de récréation où l’on peut faire impunément l’école buissonnière. Tout y est déjà passé : sensibilisation, rappels à l’ordre, menaces de sanctions… Rien n’y fait, l’absentéisme des députés n’a visiblement jamais été aussi important et cela semble aller de mal en pis au fil des sessions. A preuve, pour l’examen et l’adoption de textes d’une importance capitale tel que le Code minier, ils n’étaient qu’une petite quinzaine sur la centaine de membres.
Pareillement pour la suite à donner ou non à la mise en accusation d’anciens membres du gouvernement devant la Haute cour de justice (HCJ). Les couacs s’enchaînent depuis plusieurs années, faute de quorum en séance plénière. Et cela a encore été le cas durant la récente session. A ce niveau, cela ressemble à s’y méprendre à un renvoi aux calendes grecques.
Bien pratique de déserter les travées de l’institution quand il s’agit de faire ce pour quoi on a été élu, alors que la salle de séances est remplie à ras bord lorsqu’il s’agit de discuter de questions relatives aux avantages. Ou de mettre un coup de pression au moyen d’une bonne vieille motion de censure. Ou alors quand il s’agit de tenter de destituer des membres du bureau permanent. Là, on daigne se déplacer, même la nuit.
Dans tous les cas, beaucoup ne se reconnaissent pas (ou plus) en ceux qu’ils ont élus pour les représenter.
Aucun respect
Absence retentissante également pour le face-à-face institutionnel, ou alors la séance de questions-réponses entre la Chambre basse du Parlement et le gouvernement. Un autre rendez-vous manqué. Et pour cause, après de multiples reports, cette fameuse séance n’aura pas eu lieu, jusqu’à la fin de la session ordinaire. De ce que bon nombre ont vu, les membres de l’équipe exécutive sont venus, mais les députés ont brillé par leur absence. Il n’empêche que les deux parties se renvoient la balle quant à la responsabilité de la non tenue de cette rencontre pourtant prévue par la Constitution elle-même. Il n’empêche également que les rumeurs vont bon train sur le fait que cela arrange bien le gouvernement.
Quoi qu’il en soit, le respect entre institutions semble définitivement mort et enterré. On aura d’ailleurs remarqué que les luttes intestines font rage au sein de plusieurs formations politiques, qu’elles soient proches du pouvoir en place ou de l’autre côté de l’échiquier. Le peuple a notamment eu le loisir de voir quels politiciens de quel groupe parlementaire ont été a l’initiative de la tentative de destitution de certains membres du bureau permanent. Ou comment est désormais la relation entre une aile de l’opposition et certains de ses supposés membres. C’est que la conjoncture et la perspective des prochaines échéances électorales divisent énormément. Tout récemment encore, des gens de cette opposition ont remis sur le tapis l’idée d’une transition alors que la grande majorité des partis, quelle que soit leur couleur, roulent pour les élections.
L’exercice du pouvoir peut-il être confié à des politiciens qui ne se sont soumis ni au verdict des urnes ni adoubés par quelque disposition légale que ce soit ? Le fait est que même des élus censés représenter les populations de leur circonscription à l’issue de scrutins de proximité ne leur sont pas si proches que cela au final.
N.R.