C’est dans la nature des choses

Les élections présidentielles passées ont montré que, dès le dé­part, certains candidats n’avaient aucune prétention, ni la moindre chance de briguer le titre de Président de la République. Ils étaient là pour différentes raisons sauf pour être élus et donc juste pour faire de la figuration, pour une raison ou une autre. Et c’est à juste titre que certains mé­dias ont conclu que la fixation de la caution électorale à 200 mil­lions d’ariary avait pour objectif d’éliminer les candidats farfelus. On peut ainsi espérer que le nombre de candidats sera limité.
Effectivement, vu le montant de la caution exigée, chaque parti y pensera deux fois avant de lancer son candidat dans l’arène des élections. Obtenir 10% de suffrages exprimés pour espérer le remboursement de la caution n’est pas donné à tous les partis politiques. L’expérience a montré que bien rares sont les candidats qui parviennent à réaliser cette performance quoi­que des candidats que l’on peut compter sur les doigts de la main sont déjà assurés de l’attein­dre à moins d’une énorme « surpri­se ».
Quoi qu’on dise, cette « sélection » présente également plusieurs avan­tages. Tout au moins, avec un nombre restreint de candidats, les votants auront moins de difficulté pour faire leur choix. Et le bulletin unique – s’il est encore maintenu – ne sera pas aussi long qu’un vieux parchemin. Il sera alors plus facile de sé­parer le bon grain de l’ivraie. Autrement dit, tout candidat non sé­rieux ferait mieux de s’abstenir.
Toutefois, l’absence de candidats issus de petits partis pendant ces prochaines élections présente quand même quel­ques désavantages. Force est de reconnaître que certains de ces candidats véhiculent quand même des idées nouvelles et innovantes qui méritent d’être connues par les citoyens. Et la campagne électorale est l’une des rares occasions pour con­naître ces idées. D’autant plus que, ces derniers temps, les manifestations à caractère politique ont été plus ou moins contenues dans leur plus petite expression.
Des candidats, même s’ils ont peu de chance d’être élus, mettent à profit ces rares moments où ils peuvent s’exprimer en public, pour faire connaître de bonnes idées sur la manière de conduire le pays. Et c’est à partir de ces idées que les citoyens pourront estimer quel candidat sera le plus apte à les réaliser. Et cela ne re­quiert pas l’élaboration de tout un projet de société que certains politiciens s’évertuent à con­sidérer comme indispensable.
Il est erroné de penser que le simple citoyen est facile à berner et que les flots de paroles démagogiques dont on les abreu­ve suffiront pour le décider. C’est un préjugé. Il a déjà sa propre conviction bien avant d’aller au bu­reau de vote remplir son devoir de citoyen. De toutes les façons, quoi qu’on décide dans l’organisation de ces élections, il y aura toujours un bon et un mauvais côté. C’est dans la nature des choses.

Aimé Andrianina

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