Mercredi des idées en goguette: En ordre dispersé

L’atmosphère politique tranche définitivement avec le froid ambiant de ces derniers jours. Il apparaît que la perspective des prochaines échéances électorales sonne la surchauffe. Dans les faits, le régime en place en­chaîne les réalisations et inaugurations et se fait taxer, pour tout cela, de propagande avant l’heu­re par ses détracteurs. Il n’empêche que celles-ci font partie des “velirano” de l’actuel chef de l’Etat et si elles n’existaient pas, cela lui serait encore à coup sûr reproché.
Du côté de l’opposition, après les vrais-faux rapports de par­lementaires, émissions quotidiennes, excursions et autres rassemblements publics, célébration d’anniversaire – preuve d’ailleurs que celle-ci peut se réunir et s’exprimer librement – la dernière trouvaille est visiblement l’idée d’une concertation na­tionale. Sans doute, non pas tant pour le motif avoué de trouver une so­lution aux problèmes so­cioéconomiques actuels, mais plus certainement pour tenter d’accorder les violons, de retrouver un semblant d’unité. Mais il semblerait que la mayonnaise ne prenne toujours pas. Et pour cause, les opposants donnent toujours l’impression d’évoluer en ordre dispersé malgré ces tentatives de rassemblement, certains n’ayant réagi que pra­tiquement deux jours après le flop de samedi. Et encore, après que certains d’entre eux ont dép­loré le manque de solidarité.
Dans un pays démocratique qui se respecte, il incombe effectivement à l’opposition de jouer le rôle de contre-pouvoir. Sa présence représente également un enjeu pour le pluralisme et l’alternance politique dans l’exercice du pouvoir. Il ne s’agit néanmoins pas d’y parvenir en instillant le trouble ni en s’évertuant à recréer des scénarios à la “Printemps ara­be” ou à la sri-lankaise, mais de laisser le processus se dérouler tout normalement à travers la principale forme d’expression démocratique par excellence que constituent les élections.

Le social

Il devient de plus en plus évident en tout cas que l’opposition s’engage totalement sur le terrain de l’argument social. Après plus de deux ans de pandémie mondiale, d’état d’urgence sanitaire et de restrictions en tout genre, une série de catastrophes naturelles, une guerre en Europe, le cham­boulement de la lo­gistique et du commerce international, la situation économique et sociale est allée en empirant. Et c’est dans ces périodes de difficulté, de vulnérabilité que l’opinion est généralement plus réceptive par rapport aux positions critiques, voire parfois à la désinformation ou aux mensonges. La pauvreté a toujours été une arme de manipulation massive et c’est, tout aussi géné­ralement, le cheval de bataille des politiques, pas uniquement à Mada­gascar mais partout dans le monde.
De toute manière, s’il n’y en avait pas, on en inventerait, des arguments pour mettre à mal le régime en place et la cherté de la vie est vraiment du pain béni pour ses détracteurs. Logique, dira-t-on, dans la mesure où le pays se trouve dans une certaine situation d’urgence sociale. Il y a le secteur de l’énergie, les infrastructures routières, la sécurité, l’emploi, l’agriculture, ou encore la santé… Mais à l’heure actuelle, le plus grand chantier auquel l’Exécutif doit faire face reste la lutte contre cette inflation galopante, sinon les me­sures d’atténuation des impacts de cette flambée des prix. C’est seulement de cette manière que le pouvoir en place connaîtra un semblant de paix puisqu’il soulagera grandement la population et se rendra grandement service dès lors que l’on ne pourra plus invoquer cet argument, ou alors beaucoup moins automatiquement et avec moins d’insistance. De surcroît, l’économie du pays ne se relèvera pas d’un autre choc, que ce soit une autre vague de contaminations d’ailleurs ou une explosion sociale.

N.R.

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