En marge de tous les efforts entrepris pour mettre fin aux délestages dans moins de 3 semaines, on ne cesse de parler de cette « perle rare » qu’on aurait trouvée pour sortir la Jirama de l’abîme où elle se trouve, non seulement aujourd’hui mais depuis de longues années. Ce
« manager de redressement » dont on parle tant et sur qui on fonde tous les espoirs pour voir la compagnie nationale de fourniture d’eau et d’électricité sortir enfin de son enfer, serait solidement expérimenté en matière de redressement des sociétés en difficulté.
On annonce également que ce serait quelqu’un d’origine étrangère. Mais qu’importe sa nationalité ou ses origines, la seule chose qui nous intéresse est qu’il réussisse dans son entreprise. Ce n’est pas la première fois qu’une compagnie nationale est laissée entre les mains d’un dirigeant de nationalité étrangère pour son redressement. On se souvient encore
de la mésaventure de
la compagnie nationale de transport aérien Air Madagascar. On sait comment cela s’est terminé et où se trouve actuellement Air Madagascar.
On sait trop bien que sa tâche ne sera pas facile. Loin de là s’en faut. Aussi, se pose-t-on la question de savoir s’il aura suffisamment les coudées franches, donc carte blanche, pour mener à bien sa mission comme il l’entend et s’il aura les reins assez solides pour supporter toutes les sortes de pression qui ne manqueront pas de survenir. Certes le fait d’être d’origine étrangère présente déjà un certain avantage. Cela devrait lui permettre de se mettre au-dessus de la mêlée, c’est-à-dire, au-dessus de toutes les tentatives d’influence qu’elles soient interne ou externe à la Jirama.
Effectivement, les difficultés ne viendront pas seulement de ses commanditaires (Etat, ministère, …) ou des partenaires de la Jirama (pétroliers, transporteurs d’hydrocarbures…) mais aussi et surtout de l’intérieur même de l’entreprise qu’il a pour mission de « sauver ». La Jirama a ses particularités, bonnes ou mauvaises, dont il faudra tenir compte. Les problèmes de la compagnie nationale ne se situent pas uniquement dans les chiffres. Ils se trouvent également dans d’autres secteurs qui n’ont rien à voir avec sa situation financière, le personnel entre autres.
D’un autre côté, cet atout d’être d’origine étrangère peut aussi présenter quelques désavantages dans la mesure où il ignore complètement tout de la Jirama, de son histoire, de son fonctionnement interne… Ce ne sont pas les centaines de pages, voire plus, de rapport concernant la Jirama qui seront mises sa disposition qui lui permettront de cerner tous les tenants et aboutissants des problèmes de la Jirama. Et encore faut-il que ces rapports retracent bien la réalité et soient à jour.
Dans ces conditions, on ne peut que souhaiter un bon courage et de la réussite à cette « perle rare ».
Aimé Andrianina