Nous sommes tous des ex-fans des sixties, disait Serge Gainsbourg. Effectivement, même si nous n’avons pas vécu ces années-là, nous savons beaucoup de choses sur le twist, « Salut les copains » et… Johnny Hallyday. Le journaliste et écrivain Serge Bilé, a récemment sorti un livre sur les années yéyé en Afrique, « Johnny Hallyday, répète si t’as des couilles », aux éditions Kofiba.
Souvenirs, souvenirs. Le phénomène yéyé a débuté en France, mais a immédiatement déferlé en Afrique. De Dakar à Kinshasa, en passant par Libreville, Yaoundé, Lomé ou même Johannesbourg, tous les jeunes africains se mettent dans le vent avec les cheveux longs, mini-jupes… La personnalité qui a favorisé l’émergence de cet engouement n’est autre que Johnny Hallyday, l’idole des jeunes. Serge Bilé, journaliste franco-ivoirien, nous raconte tout cela et nous promène à travers l’Afrique des années 60-70, à une époque où de futures stars africaines débutaient.
«En 1962, Manu Dibango vit à Léopoldville, où il a pris en gérance un club, l’Afro-Négro. Le saxophoniste camerounais s’intéresse lui aussi au yéyé qu’il mélange avec de la musique africaine. Sous le nom de Dibs, il enregistre le 45 tours Twist à Léopoldville», raconte Serge Bilé. En 1971, en Côte d’Ivoire, un lycéen de 21 ans du nom de Seydou Koné est atteint du virus yéyé et, avec ses pattes d’éph et ses boots, forme un groupe, Les Atomic Vibrations. Fan de Johnny Hallyday, il interprète «Le pénitencier». Dix ans plus tard, il revient sous un autre nom, Alpha Blondy, pour devenir une star du reggae. Néanmoins, il ne renie pas son passé et l’évoque dans la chanson «Yéyé» (1992).
Les artistes malgaches
A Madagascar, la jeunesse n’est pas en reste. «En 1963, un jeune artiste fait merveille chez lui à Madagascar. Chanteur de charme, Henri Ratsimbazafy veut se frayer une route vers la gloire. Mais pas question de faire comme tout le monde. Pour conquérir la planète yéyé, il lui fait carrément une déclaration de désamour avec son morceau, «Je n’aime pas le twist». A Madagascar toujours, on est fier aussi de la réussite internationale de quatre frères et sœurs nés sur l’île. Stars du yéyé, Les Surfs multiplient les enregistrements de disques et les tournées en France, en Belgique, en Espagne, en Italie, au Canada. Un deuxième groupe, Les Safaris, formé de cinq Malgaches, porte haut également les couleurs du pays à Paris».
Lorsque nous parlons des années 60, nous faisons toujours allusions aux Surfs, baptisé Les Blue Beryls à leur début à Madagascar, et nous oublions les Safaris. Baptisé CCC Guitares à leur début, le groupe formé de Clovis, Christian, Coco, Chalais et Lulu, devient les Safaris et enregistre un premier disque en 1965 chez Palmarès, un EP de 4 titres dont «Papa Tsiranana», suivi d’un autre incluant une reprise de «Barbara Ann» des Beach Boys. Puis ils passent chez CBS et enregistrent «Les jeunes tigres» et «Nous ferons la route ensemble». Malheureusement, leur impresario Georges Guébert n’arrivera jamais à les hisser à la hauteur des Surfs qui ont réussi à vendre 4 millions de disques. Un record.
Par ailleurs, l’histoire est plutôt méconnue. Jean-Claude Ralay (rythmique), Loulou (basse), Bruno (soliste) et Claude (batterie) sont les musiciens du premier véritable rocker de France, Danny Boy, en 1961. Les Pénitents, le nom du groupe, portaient alors des cagoules car, selon la légende, ils ne voulaient pas que leurs parents, diplomates, les reconnaissent en tant que saltimbanques. Les pionniers du yéyé sont Malgaches.
Sortant de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille en 1988, Serge Bilé a à son actif plusieurs livres dont les titres «Noirs dans les camps nazis» sorti en 2005, «La légende du sexe surdimensionné des Noirs» en 2005, «Quand les Noirs avaient des esclaves blancs» en 2008, «Et si Dieu n’aimait pas les Noirs : enquête sur le racisme aujourd’hui au Vatican» en 2009, «Blanchissez-moi tous ces nègres» en 2010, «Le seul passager noir du Titanic» en 2019…
Holy Danielle