Être à la hauteur

Ainsi, les transporteurs urbains de la capitale réunis dans les différentes coopératives ont décidé de procéder à une hausse des frais de transport à partir de mi-aoùt. A partir de cette date donc, lesdits frais passeront de 600 ariary à 800 ariary. Autrement dit, une hausse de l’ordre de 25%. Ce qui n’est pas donné.
Cette décision des transporteurs urbains ne va pas arranger la vie de la population d’Antananarivo, en particulier, ceux qui sont obligés de recourir à ce type de transport public. Cette hausse sera sensiblement ressentie au niveau du budget familial qui n’a pas enregistré un changement significatif.
D’ailleurs, selon une publication récente de la Banque mondiale, Ma­dagascar n’évolue pas en termes de revenus nationaux bruts. Plus précisément, Madagascar figure parmi les pays à faibles revenus. Pourtant de nombreux pays en Afri­que ont vu leurs revenus nationaux bruts s’améliorer.
Mais Madagascar
stagne parmi les pays à faible revenus nationaux bruts. Et la population en est bien consciente pour avoir régulièrement manqué de revenus en espèces. Et c’est dans ce contexte difficile que les transporteurs ur­bains se décident à faire monter les frais de trans­port.
On peut déjà prévoir que cette décision ne sera pas facilement acceptée par la population quels que soient les arguments avancés par les transporteurs. Parmi ces arguments, on peut citer entre autres, l’état des routes et des rues de la capitale. Or, depuis quel­ques temps, on a pu con­stater que la Commu­ne urbaine d’Antanana­rivo s’est engagée dans la ré­habilitation de ces rues.
Est-ce qu’on peut en­visager que lorsque tous ces travaux de réhabilitation seront terminés, les transporteurs décideront de revenir à l’ancien frais de transport ? Rien n’est moins sûr ! C’est une utopie d’espérer que les transporteurs agiront ainsi. Cela ne s’est ja­mais vu.
De toute les façons, ce n’est pas aux passagers de supporter tous ces manquements. Quant aux transporteurs, quels chan­gements vont-ils apporter dans le cadre de leur exploitation ? La qualité des services sera-t-elle proportionnelle au frais de transport exigé par les transporteurs ?
Qu’on le veuille ou non, la prestation des transporteurs publics de la capitale est loin d’être satisfaisante. Les remar­ques désobligeantes des passagers à l’égard des chauffeurs et des receveurs ne manquent pas. Excès de vitesse, non-respect des dessertes, manque d’hygiène… sont parmi les plus fréquentes. Et la liste est longue.
Par ailleurs, au sujet du matériel d’exploitation, on peut se demander comment certains véhicules ont pu passer la vi­site technique. Beaucoup sont de véritables épaves roulantes. Quand on veut procéder à la hausse des frais de transport, la qualité des services doit également être à la hauteur de cette exigence.

Aimé Andrianina

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