A Madagascar et plus précisément sur les Hautes terres où il fait froid, l’hiver rime avec deux coutumes qui y sont pratiquées, à savoir, la circoncision et le « famadihana » (retournement des morts). Ce sont des coutumes encore bien vivaces dans ces contrées et en particulier, en milieu rural.
Si les pratiques se rapportant à la circoncision se « modernisent » relativement, avec, entre autres, l’introduction de la circoncision à l’américaine – hormis bien entendu le « Sambatra » dans la région Vatovavy Fito Vinany -, le « famadihana », par contre, garde toujours toute sa dimension spirituelle d’antan auprès de ceux qui le pratiquent.
Cette coutume a toute son importance au niveau des familles (pris au sens large du terme), voire de tout un village. Il faut savoir que certaines catégories de personnes triment au travail pendant toute une année pour pouvoir mettre de côté un peu d’argent pour leur permettre de payer leur quote-part dans les dépenses engagées.
En effet, il est de coutume que chaque membre majeur de la famille contribue aux dépenses sous peine de ne pas recevoir la bénédiction des ancêtres et surtout devoir supporter les critiques acerbes des vivants. Comme l’évènement dure des fois plusieurs jours, il occasionne des dépenses non négligeables.
Il va sans dire que l’avènement du Covid va entraîner le bouleversement de certaines coutumes. Dans le cas où une personne est décédée suite au Covid, il est fortement déconseillé que l’on procède à un « famadihana » qui demande forcément l’ouverture des portes du caveau familial, s’il y est enterré. On ne sait jamais.
Quoi qu’il en soit, certaines personnes se permettent de critiquer la pratique de ces coutumes qu’elles jugent de « sauvages », de « dépassées » … Mais ne sommes-nous pas dans un pays républicain où chaque citoyen bénéficie d’une liberté de penser, de vivre… tant que cette liberté ne vient pas entraver celle des autres ?
S’il est une chose à laquelle on peut émettre quelques critiques dans la pratique de ces coutumes, c’est quand des dizaines d’énergumènes, bien souvent encore sous l’effet de l’alcool, se permettent d’obstruer les voies de circulation, mettant ainsi à mal la patience des automobilistes. Mais cela est devenu de plus en plus rare dans les rues de la capitale.
Il faut reconnaître que le « famadihana » reste l’une des rares coutumes qui distinguent Madagascar des autres pays. Sa pratique n’est que l’expression de notre riche patrimoine culturel. Et à ce titre, ces us
et coutumes doivent se garder. De toutes les façons, personne n’est forcé de le pratiquer ou d’y croire. C’est un choix.
Aimé Andrianina