Se fier au bon sens

Madagascar va s’engager dans la réduction du nombre de naissance. Cela va passer par la réduction du nom­bre d’enfants qu’aurait hypothétiquement une femme au cours de sa vie reproductive. Si aujourd’hui, l’Indice Synthétique de Fécon­dité ((ISF) à Madagas­car est de 4,3 enfants par femme, en moyenne, l’objectif est d’arriver à 3 enfants par fem­me. Avant d’y arriver, beaucoup d’efforts sont à faire en matière de santé reproductive.

La première chose à laquelle il faut faire face est de parvenir à convaincre un très grand nombre de mé­nages malgaches pour lesquels, les enfants sont une richesse. C’est une idée qui est encore fortement ancrée dans l’esprit de beaucoup
de gens et cela pas toujours dans l’esprit de les exploiter. Après tout, s’ils pouvaient élever correctement toute leur progéniture, on ne voit pas où est le problème ? Bien sûr, tous les ménages ne disposent pas de cette capacité. Donc, il revient à chaque ménage de voir jusqu’où il peut aller.

En parlant de grossesse, on ne peut pas manquer de se demander comment peut-on refuser un débat sur un sujet de société telle que l’interruption thérapeutique de grossesse (ITG). Les discussions s’y rapportant n’ont jamais été me­nées jusqu’au bout au niveau de l’Assemblée nationale bien qu’elles aient déjà été engagées par nos élus. Pourtant, c’est un sujet qui concerne un grand nombre de personnes.
On peut être sûr que si ces discussions ont été reportées sine die, c’est qu’on se retrouve con­fronté à une éthique à la fois d’ordre médical, moral ou religieux. La principale crainte, on le comprend, est que cela n’entraîne à une augmen­tation excessive du nombre d’interruption vol­on­taire de grossesses sans que cela ait une véritable raison. Ce qui aura certainement des conséquen­ces néfastes sur la moralité des gens, en particulier chez les jeunes.

Par contre, l’interdiction systématique de l’ITG encourage les pratiques d’avortement avec des techniques désuètes insécurisées et du matériel datant du siècle dernier. Cela met en péril la vie de celle qui le pratique. Avec une légis­lation raisonnée et raisonnable à ce sujet, on n’assistera plus à ces nouveau-nés abandonnés n’importe où. Il est malheureux qu’on y arrive. Mais ce sont des faits réels qui ne sont pas rares. Alors, adieu la ma­ternité forcée.

En attendant, de nombreuses personnes se retrouvent confrontées à des problèmes dont leur vie à venir en dépend. Qu’on le veuille ou non, la première et principale personne con­cernée est la femme en­ceinte qui, pour une raison ou une autre, ne veut pas arriver au terme de cette grossesse. L’éthi­que d’ordre médical ou moral se discute. Mais pourquoi pas, après tout, ne pas se fier sur le bon sens ?

Aimé Andrianina

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